vendredi 7 mars 2008

La part de vérité

La place du réel dans les œuvres littéraires refait parler d’elle avec la controverse entourant le livre de Micha Defonseca.

On a coutume d’opposer les ouvrages de fictions aux autobiographies. Pourtant, l’un et l’autre sont tout aussi légitimes. D’ailleurs, la frontière qui les sépare est quelquefois fort ténue. L’autofiction, ce subtil mélange des genres où l’auteur se met en scène dans des aventures qu’il n’a pas forcément vécues est à ce titre sans doute le type de récit le plus troublant. A tel point que le lecteur ne sait plus trop si c’est le personnage qui parle ou l’auteur lui-même qui s’exprime par son intermédiaire et en fait en quelque sorte la voix de son maitre. Certains sont coutumiers du fait, pour d’autres c’est un peu plus ambigu.

En réalité, l’important est moins de dire la vérité que d’être sincère dans sa démarche. Il est inutile de prétendre que tout est vrai dans une histoire quand ce n’est manifestement pas le cas. A l’inverse, pourquoi cacher que certains personnages sont inspirés de personnes en chair en en os ? Il y a du vrai dans la fiction, comme il y a de la romance dans les récits de vie.

Tant qu’on ne prétend pas se substituer à elle, quel mal y a-t-il à arranger la réalité quand elle n’est pas assez belle ? Le danger serait de prétendre rédiger ainsi une « version officielle » de son histoire personnelle, qui ne serait qu’une vision édulcorée ou au contraire noircie à dessein des faits tels qu’ils se sont déroulés.

La tentation de taire ses menus arrangements avec la réalité des faits trouve son origine dans la prétendue supériorité de l’histoire vécue sur l’histoire inventée. Nous sommes tous un peu responsables de cette situation. Il n’y a qu’à voir les rayonnages des librairies remplis à perte de vues des biographies rédigées par le nègre sous-payé de la dernière starlette de seize ans que le public s’arrache. Pourtant, certaines histoires mériteraient plus d’être publiées que la plupart des biographies dont on nous abreuve quotidiennement et dont la qualité est inversement proportionnelle à la notoriété de leurs auteurs.

Tel un funambule en équilibre sur le fil de la vérité, l’auteur risque à tout moment de basculer dans l’abime, entrainant son lecteur dans sa chute. Gare à l’atterrissage…

Je n’ai pas souvenir d’avoir fait vœu de vérité en débutant ce blog, raison pour laquelle j’entretiens volontairement le flou au niveau de ce blog sur ce relève de l’expérience et ce qui découle d’un constat général. La cohérence de l’ensemble impose de braquer les projecteurs sur certains éléments quand d’autres resteront dans l’ombre. Le manque de temps et d’espace impose ces concessions. C’est la loi du genre et je ne m’en excuse pas. Après tout, qui serais-je pour prétendre que tout ce que j’écris forme un ensemble cohérent et publiable en l’état. Je ne peux faire l’impasse sur un tri même sommaire, ce qui implique nécessairement une reconstruction. Et déformer, c’est déjà mentir. Soit. Je dirai seulement pour ma défense que ce que j’ai écrit était le reflet de ma pensée à cet instant précis. Le reste n’est décidément que de peu d’importance.

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