samedi 22 mai 2010

Sabordage

 

Cela fait de longues semaines que j’y pense. Quelques mois en fait. Longtemps j’ai douté. Et puis l’autre jour, ça m’est apparu comme une évidence. A l’entame de ce blog, je m’étais promis d’y mettre un terme avant qu’il ne devienne une contrainte. La blogosphère est un univers peuplé d’égoïstes qui écrivent pour d’autres égoïstes, je n’ai jamais prétendu faire exception à la règle. Bloguer requiert du travail et, surtout, de la persévérance. Quand s’en va le plaisir d’écrire, mettre à jour son blog devient une fin en soi dont l’inanité se fait chaque jour plus criante.

400px-RideauJ’ai posé mon diagnostic il y a de cela plusieurs semaines : les idées se font rares, l’imagination est en berne et je sens poindre une certaine forme de lassitude. Bientôt, je commencerai à me répéter. Est-ce à dire que j’ai dit tout ce que j’avais à dire ? Certainement pas, mais l’essentiel est là : j’ai le sentiment d’avoir fait le tour des questions qui me tenaient à cœur.

Au moment de jeter un œil dans le rétroviseur, il serait tentant de trouver a postériori une cohérence à l’ensemble hétéroclite de billets qui constitue cet espace. Je dirais juste que mes notes reflétaient, maladroitement quelquefois, ma pensée du moment. Rien de plus, rien de moins. Et tant pis si j’ai eu la critique facile, seul celui qui ne dit mot fait l’unanimité.

Au final, que bilan tirer de cette expérience ? Quelques découvertes, ils se reconnaîtront aisément ; la satisfaction d’avoir, par cet exercice, apprivoisé le fil ondoyant de ma pensée et, c’est en tout cas le vœu que je forme, appris à domestiquer mon écriture. Comme disait l’autre, écrire, c'est ranger le vrac de la vie. Malgré des d’échanges le plus souvent éphémères et inégaux, j’ai tout de même eu le sentiment par moments de faire partie de cette grande communauté que l’on a coutume d’appeler blogosphère. Et cela, c’est en grande partie à vous que je le dois.

Je n’aurai fait que passer, mais ne sommes nous pas tous des visiteurs de passage ? Je garde dans les tréfonds de mon portable une série de textes inédits, dont il n’est pas exclu que je fasse usage un jour, même si j’ignore encore sous quelle forme. D’ici là, le blog restera accessible, au moins dans un premier temps. Nous serons certainement appelés à nous revoir, dans la vie numérique ou dans l’autre.

Alors ce n’est pas un adieu mais un au revoir.

 

 

(texte original rédigé en janvier 2008 en vue de la clôture du blog, adapté en mai 2010)

dimanche 11 avril 2010

Les utopies modernes

 Twitter, Facebook, Wikipédia. Pas un jour ne passe sans que l’on annonce que ces sites internet ont révolutionné notre manière de communiquer, de nous informer, et in fine notre mode de vie. Récemment, c’est le huis clos volontaire de cinq journalistes qui pendant cinq jours disposaient de Twitter et Facebook pour toute source d’information qui a fait la une de l’actualité. Les uns s’enflamment pour cette révolution du web 2.0 dont d’autres dénoncent les dangers. Difficile de démêler le vrai du faux dans ce débat où s’expriment surtout ceux qui ignorent tout du sujet.

456px-Insel_UtopiaLe point commun essentiel entre Twitter, Facebook et Wikipédia est leur ambition – ou celle qu’on leur prête - de rendre le monde meilleur, que ce soit en favorisant l’accès à la connaissance (Wikipédia), à l’information (Twitter) ou la communication avec autrui (Facebook). Peut-être est-ce parce que les utopies ont toujours fait peur que ces sites déchainent aujourd’hui les passions ? Retour sur un phénomène nettement moins neuf qu’il n’y paraît.

Un vieux serpent de mer…

L'utopie est une représentation d'une réalité idéale et sans défaut. Le terme a été forgé par Thomas More pour qualifier le type de société idéal qu’il décrit dans son ouvrage Utopia. Bien d’autres auteurs vinrent à sa suite pour décrire à leurs lecteurs la société qu’ils appelaient de leurs voeux. Avec le recul, on se rend compte que ces sociétés n’ont de parfait que l’apparence, voire que le rêve peut carrément se transforme en cauchemar. Ainsi, dans la Cité du Soleil, Tommaso Campanella va jusqu’à prôner l’eugénisme. Comme un signe des temps, depuis le XXème siècle, l’on se méfie des mondes parfaits : Brave New World, d’Aldous Hurley et 1984, de Georges Orwell ont montré le danger de ces sociétés qui tendent à nier l’individu, sacrifié sur l’autel de ce qui est présenté comme le bien commun, donnant ainsi ses lettres de noblesse au genre dystopique.

… qui toujours refait surface

Même si elles se font désormais beaucoup plus discrètes, les utopies n’ont pourtant pas totalement disparu. Pour les retrouver, il suffit de se rendre sur la toile. Prenons le cas de Wikipédia. Le site fondé par Jimmy Wales a pour projet, rappelé à l’occasion d’un nouvel récent appel aux dons, d’arriver à un monde dans lequel chaque personne pourrait partager librement l'ensemble des connaissances humaines.

Twitter serait, quant à lui, capable de faire vaciller les tyrannies, bousculer les puissants et j’en passe. On y voit la nouvelle source d’information, immédiate et omnisciente. Après tout, c’est là que se qu’ont été publiées les premières informations sur les attentats au Pakistan et l’amerrissage de l’Airbus sur l’Hudson.

… pour le meilleur et pour le pire

Pour les partisans de Wikipédia et Twitter, la cause est entendue : ces sites sont des moyens d’améliorer le dialogue et, partant, la compréhension entre les peuples. Mais en les parant ainsi de mille vertus, ne risque-t-pas de brûler par la suite ce qu’on tant a adoré ?

De fait, ces sites possèdent nombre de détracteurs. Ceux qui sont nés avant la révolution numérique, rejoints par les médias dits traditionnels qui voient en ces sites de dangereux concurrents, ont beau jeu de souligner les lacunes de sites qui n’en sont encore qu’à leurs balbutiements.

On reproche à Wikipédia son exhaustivité qui place sur le même pied un article sur l’Histoire de France et le récit du dernier manga en vogue. On dénonce les possibles fraudes et les détournements d’articles. En réalité, ceux qui critiquent Wikipédia n’ont pas intégré son mode de fonctionnement : c’est à celui qui relève les erreurs d’un article de les corriger. Pourtant, on continue d’interdire aux enfants de se servir de Wikipédia, au lieu de leur apprendre à utiliser avec discernement ce nouvel outil. Ne reste alors qu’un sentiment général de défiance, au détriment de l’esprit critique qui devrait permettre de séparer le bon grain de l’ivraie.

Les déçus de Twitter ne manquent, eux, pas d’arguments : les discussions y tiennent davantage des discussions de comptoir que du Café de Flore, et le fait de s’en tenir à 140 caractères, espaces compris, n’est pas sans favoriser une certaine paresse intellectuelle, et la superficialité qui va avec. Encore que ce dernier point soit discutable, la concision n’étant pas en soi pas un défaut. Nous avons tous fait cette expérience : nous pestons contre les sujets de rédaction imposés, tout en restant en panne d’inspiration lorsqu’on nous laisse libre choix du sujet.

Quant à Facebook, qui est essentiellement critiqué pour les problème de respect de la vie privée qu’il pose, j’ai déjà eu l’occasion ici et de dire tout le mal que j’en pensais, il ne me paraît pas nécessaire d’y revenir.

A l’heure de conclure

Loin de n’être qu’une lubie de technophile, l’importance croissante que l’on accorde aujourd’hui à des sites comme Twitter, Wikipédia ou Facebook, et l’importance des espoirs que beaucoup placent en eux, tendent à montrer qu’ils sont les véritables projets utopiques actuels.

J’ignore si Thomas More aurait été un fidèle contributeur de Wikipédia, ou Tommaso Campanella complètement accro à Twitter. Il y a peu de doutes que tous deux auraient possédé un profil sur Facebook. Blague à part, le fait que naissent de nouvelles utopies à notre époque que l’on prétend si cynique ne laisse pas de me surprendre. Alors tant pis si derrière les belles idées, ce n’est jamais rien que des mots, avec toutes les imperfections que cela sous-entend : une société qui ne croirait plus en rien serait à mon sens autrement plus inquiétante.

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jeudi 21 janvier 2010

Eywa hasn’t heard you!

On a tout dit sur le dernier film de James Cameron : film le plus cher de tous les temps, prouesse technologique et j’en passe. Adulé par les uns, décrié par les autres, le film ne laisse en tout cas personne indifférent. Mais plutôt que de s’en remettre aux avis plus ou moins éclairés des critiques autorisés, le mieux est encore de juger sur pièce.

Avatars Je ne reviendrai pas outre mesure sur le scénario du film. Pour ceux qui vivraient sur Mars, sachez simplement qu’il est question d’une sorte de complexe militaro-industriel qui cherche à mettre la main sur une précieuse ressource que renferme la planète Pandora, ce qui n’est guère du goût de ses habitants, les Na’vi, sortes de grands humanoïdes à la peau bleue, qui sont déterminés à garder leur enfer vert[1] à l’abri de la civilisation.

Voilà résumé en quelques lignes le point de départ d’Avatar. On l’aura compris, le film surfe fort opportunément sur la vague écologique qui déferle depuis plusieurs mois sur la planète, et désormais sur nos écrans. A la manière de District 9, le film illustre également la difficile cohabitation entre l’espèce humaine et une race extraterrestre. Mais là où le long-métrage de Neill Blomkamp jouait habilement des codes de la SF pour dénoncer entre les lignes l’apartheid, le manifeste écologique de James Cameron peine à convaincre. La faute à une approche volontiers manichéenne où l’on retrouve, bien distincts, des bons et des méchants, seul le personnage central et narrateur échappant pour un temps à cette analyse.

Cet affrontement entre bons sauvages et les hommes cupides ira croissant jusqu’à l’inévitable choc des civilisations, la critique de l’exploitation sauvage des ressources de la Terre cédant alors le pas à un vibrant réquisitoire contre les méfaits de la colonisation, qui rappelle singulièrement la conquête de l’ouest au détriment des peuples Nord-Amérindiens. Rien d’inédit cependant, le film prenant souvent des allures de recyclage de Pocahontas à la sauce futuriste, le tout mâtiné d’un zeste de Danse avec les loups, la subtilité en moins.

Rien n’y fait, même s’il est pétri de bonnes intentions, le film ne décolle qu’en de rares moments, comme lors des scènes qui touchent à l’intégration du narrateur dans la tribu des Na’vi. Le reste, du début à la fin, ressemble à une suite de clichés : la femme pilote garçon manqué, le militaire sans cervelle, l’industriel cupide, les courageux indigènes qui vivent en communion avec la nature. Jusqu’à la dernière image du film, prévisible entre toutes.

Reste à analyser l’apport de la 3D dans le film. Après quelques secondes d’adaptation, le procédé ne cause pas de gêne particulière, si ce n’est une certaine fatigue oculaire. Bien sûr, visuellement, le film est magnifique. Flore et faune de Pandora sont à tomber, et l’impression de profondeur ajoute encore à l’immersion du spectateur. C’est hélas bien peu pour un long métrage que l’on disait révolutionnaire.


[1] Mais peut-être est le paradis ?

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samedi 9 janvier 2010

A l’heure des bilans et des chiffres

2009 vient de s’achever, une année marquée comme à l’accoutumée par son lot de drames, de catastrophes et de bonheurs, plus ou moins grands.

400px-RideauUne année au cours de laquelle j’ai évoqué l’incontournable crise économique dont nous semblons lentement sortir, et de manière générale l’actualité, dans ce qu’elle a de plus cocasse, ou de plus terrible. Je me suis également penché sur le retour aux affaires des anciennes gloires du sport, et celui, nettement moins réjouissant, des pirates que l’on croyait cantonnés aux grosses productions hollywoodiennes.

Faisant honneur à la devise de ce blog, j’ai dénoncé le business fait autour des morts et le conformisme ambiant, critiqué certaines de mes cibles favorites dans des diatribes qui, avec le recul, me semblent tout à fait justifiée. Parce qu’il faut aussi savoir balayer devant sa porte, je n’ai pas manqué de souligner les travers qui guettent tout blogueur et les limites du guest blogging.

Fort heureusement, tout n’est pas si sombre au pays des blogs, j’ai aussi chroniqué certains des livres que j’ai appréciés, qu’ils évoquent l’Histoire avec un grand H, ou inventent un monde nouveau, mais dans le fond tout aussi inquiétant. Quelques films m’ont également marqué par leur à-propos, qu’il s’agisse de dénoncer entre les lignes le racisme, ou les dérives d’un capitalisme sauvage. Les jeux vidéo n’ont bien sûr pas été en reste, deux billets leur étant consacrés, l’un à ce qui fait un « bon » jeu, l’autre aux multiples talents de l’assassin le plus classieux de l’histoire vidéoludique.

Loin d’en rester à ces considérations bassement matérielles, mon esprit s’est quelquefois évadé, vagabondant ça et là pour donner naissance à mes billets préférés. De mes pérégrinations imaginaires dans le métro, puis au cœur de la saison estivale, et plus récemment, de l’hiver, je garde grâce à ces textes une trace, un souvenir indélébile.

Voilà pour l’essentiel de 2009, même si j’oublie des billets. Que retenir de tout cela ? En me relisant pour la première fois, ce qui me frappe c’est la diversité des thèmes abordés, les mauvaises langues diront le manque de cohérence. Comme annoncé dans ma page de présentation, j’ai touché un peu à tout, restant le plus souvent à la surface des choses, faute de temps pour en approfondir l’étude. Disons-le tout net, une certaine forme de paresse n’y est pas totalement étrangère. Mais peut-être que c’est l’époque qui veut ça ?

 

2009, c’était ça (les fautes de frappe sont d’origine) :

nuage tags 2009 etroit

mardi 5 janvier 2010

Nouveau départ

600px-Flocon_neige_p1f Je le concède bien volontiers : j’ai quelque peu négligé ce blog ces derniers temps. En cette nouvelle année qui débute, l’occasion est belle de repartir sur de bonnes bases. C’est dans cet esprit que j’ai procédé à quelques légers aménagements, pour l’essentiel d’ordre cosmétique, dont voici la liste non exhaustive :

- Changement de bannière ;

- Nettoyage de la colonne de droits où figurent les widgets ;

- Ajout de la bande originale du blog ;

- Nettoyage du code du blog, le changement devrait être transparent pour vous si tout s’est bien passé ;

- Les plus observateurs auront remarqué la présence de cases à cocher sous chaque article, en fonction de l’impression qu’il vous laisse : d’accord, pas d’accord. Comme ça, plus d’excuse pour ne pas laisser de trace de son passage.

Dans le but de centraliser l’audience directement sur le blog, j’ai pris différentes mesures, certaines douloureuses, d’autres moins :

- Désinscription de Paperblog ;

- Publication de flux volontairement tronqués via Feedburner, avec redirection vers le blog pour lire l’article complet ;

- J’aurais bien voulu tester la fonction « résumés après le saut », las cette dernière ne semble pas vouloir fonctionner comme elle devrait. Mais ne désespérons pas, cela viendra en son temps.

J’entends d’ici des dents qui grincent. Bien sur, rien n’est gravé dans le marbre, je me donne le temps de la réflexion pour déterminer le bien fondé de ces changements. Dans cette optique, les retours d’informations de mes lecteurs sont évidemment les bienvenus. A toutes fins utiles, je rappelle également que je suis ouvert à toutes suggestions quant au thème des prochains billets. Dans la mesure du possible, et pour autant que cela soit compatible avec le thème du blog, je m’efforcerai d’en tenir compte.

Ah, j’allais oublier. Last but not least, à toutes et à tous, une bonne et heureuse année 2010. Que chaque jour vous apprenne quelque chose sur vous, sur les autres, et surtout sur le monde qui nous entoure.