jeudi 28 février 2008

La vérité n'est belle qu'aux yeux de ceux qui l'ignorent

Misha Defonseca, l’auteur[1] controversée du livre « Survivre avec les loups » vient de faire son coming-out. Dans une lettre adressée au journal Le Soir, elle admet que récit qu’elle fait de son périple à travers l’Europe en 1941 en compagnie d’une meute de loups est pure invention, contrairement à ce qu’elle prétendait jusqu’à présent. Il faut dire qu’elle était au pied du mur, les sceptiques s’étant piqués de mettre son récit à l’épreuve des faits. Devant les preuves accumulées démontrant l’impossibilité matérielle des péripéties qu’elle relate, l’écrivain n’a eu d’autre choix que de reconnaitre ce que les gens doués d’un minimum de bon sens ont toujours pressenti.

Je ne m’étendrai pas sur les mobiles qu’elle donne pour expliquer son attitude. Chacun jugera comme il l’entend. Même si le procédé apparait douteux, je ne peux toutefois rejoindre l’auteur de l’article lorsqu’il dit que le bouquin, et je le cite, « n’est qu’une œuvre de fiction, pas un récit autobiographique. » En quoi le fait d’écrire une œuvre de fiction vaut-il moins que de coucher sa vie sur le papier ? Ce sont tout simplement là deux exercices forts différents, sans qu’on puisse établir de hiérarchie entre eux. Qui pourrait reprocher à quelqu’un de ne pas avoir la même vie qu’Anne Franck ou Simone Veil ?

Ce qui est condamnable, c’est bien le fait de présenter une invention de l’esprit comme une histoire vraie, ou de laisser planer le doute à ce sujet. C’est d’autant plus grave s’agissant de sujets aussi sensibles. La fiction n’a rien de répréhensible, au contraire du mensonge. Celle qui risque désormais de passer pour une usurpatrice est en train de l’expérimenter à ses dépends.


[1] Volontairement je n’écris pas « auteurE » qui en plus d’être passablement désagréable à entendre est aussi la marque d’un féminisme mal placé.

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