dimanche 26 octobre 2008

Les blogs, l’argent des blogs et le smiley du blogueur

Comment rétribuer à sa juste valeur le travail du créateur de contenus sur l’internet dans un modèle fondé la publicité et la dilution du droit d’auteur ?

04.23-AntVollon-MndOfButter Le dernier billet de Sammy pose à juste titre la question de la rémunération des internautes pour les contenus qu’ils génèrent. Dans un commentaire publié sous le billet initial, j’avais dit de façon un peu lapidaire que le Web 2.0 reposait un principe simple : « je crée, ils empochent. » Je ne tiens pas à passer pour un énième adepte du facteur joufflu, révolutionnaire à ses heures perdues, aussi me parait-il nécessaire de préciser quelque peu ma pensée.

Au même titre que l’accès à l’information marque une des grandes avancées du XXème siècle, la facilité avec laquelle il est possible depuis quelques années de publier du contenu sur la toile aurait de quoi ébahir le visiteur d’un autre siècle. Les moyens de se faire connaitre sont pléthore, je citerai en désordre : les plateformes de blogs, les sites communautaires, YouTube, Dailymotion, Flickr…

Tous ces sites reposent sur un partenariat entre l’internaute et le prestataire de services : le premier amène du contenu, le second fourni les outils d’édition. Pourtant d’importantes différences subsistent : deux types de situations sont à distinguer selon que l’internaute gère seul l’espace ou se contente de publier du contenu sans maitriser le contexte dans lequel il s’intègre.

Dans l’hypothèse d’un internaute plaçant son contenu sur un site tiers, il sera quoi qu’il arrive peu ou prou le dindon de la farce. En effet, l’internaute met ses contenus à disposition sans contrepartie monétaire, et le service internet récupère les dividendes de sa créativité par le biais des publicités qui ne manqueront pas de ceindre sa mirifique production. Voila comment ces sites disposent des contenus, des revenus générés par ces contenus et, cerise sur le gâteau numérique, du sourire du blogueur qui pense avoir fait une bonne affaire en bradant sa création à celui qui lui donnerait le plus de trafic en retour.

Je peux comprendre ce mode de fonctionnement pour des sites comme Flickr ou YouTube : le stockage de photos et de vidéos a un coût, il faut bien que quelqu’un le supporte et comme le site est gratuit, la seule alternative viable pour le moment reste la publicité. Par contre, c’est beaucoup moins tolérable dans le cas de sites qui se font réellement de l’argent sur le dos des créatifs. Non, je ne citerai pas de noms, mais il en est plusieurs qui me viennent à l’esprit. C’est typiquement le cas de certains Digg-like qui se contentent de surfer sur les vagues crées par d’autres sans renvoyer nécessairement de manière explicite vers le contenu dans son contexte original. Non contents de ne pas vous amener de visiteurs, ils risquent également de pénaliser vos relations avec les moteurs de recherche. C’est que l’oncle Google n’aime pas le duplicate content et pourrait fort bien vous le faire sentir. Ça fait cher payé pour avoir eu seulement le tort d’accorder sa confiance un peu trop vite.

Evidemment, il reste possible d’héberger ses contenus sur un espace dont on a la maîtrise et d’être rémunéré pour ce faire. C’est le cas de ce blog où seul votre serviteur décide de la mise en page des billets dont il est l’auteur, du choix des widgets et de la place (ou l’absence de place en l’occurrence) qu’il souhaite accorder à la publicité.

Tout travail mérite salaire et il n’est pas de raison pour que la toile fasse exception à la règle. Bien entendu, par « salaire » je n’entends pas « espèces sonnantes et trébuchantes. » Sauf cas exceptionnel, un blogueur ne vit pas de ses activités sur l’internet, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre son travail bénévolement, c’est donc qu’il y trouve son intérêt d’une manière ou d’une autre, qu’il s’agisse de nouer des contacts, de faire connaître ses opinions voire de trouver là une tribune à sa démesure.

Les plus fins observateurs l’auront remarqué : mon blog ne contient aucune publicité, hormis un bandeau pour mon hébergeur, juste retour des choses envers Blogger qui a jusqu’ici toujours eu le bon goût de ne pas m’imposer de disgracieuses bannières. Du reste, je ne me préoccupe pas des rentrées que pourrait générer mon modeste trafic, à quoi bon vendre son âme pour quelques euros à l’année. Partant du principe que je ne tire aucun avantage financier de ma présence sur la toile, il me parait légitime de récuser toute forme d’exploitation commerciale du produit de mes efforts, aussi limités fussent-ils. Je suis attaché au respect de mon droit de paternité et au respect de l’intégrité de mes billets, ce qui signifie que je souhaite qu’on les présente dans leur contexte et en me les attribuant sans ambiguïté. C’est peu dire que dans un internet où tout le monde copie tout le monde et où la réussite d’un blog se mesure à l’aune du nombre d’abonnés à son flux RSS, sans égard à une quelconque notion de qualité, c’est parfois difficile à faire comprendre. Le souci de préserver un minimum de cohérence mérite bien ce menu sacrifice. « Mieux vaut mourir incompris que passer sa vie à s'expliquer », disait le grand Shakespeare. Et comme il a raison.

Bref coup d’œil à travers la fenêtre. Il se fait tard, avec le changement d’heure, la nuit est tombée depuis fort longtemps et la pluie n’en finit plus d’arroser la capitale. Et dire que tout est parti d’un parapluie délicatement posé sur une poubelle. Poésie des choses ordinaires, quand tu nous tiens.

Mots clés Technorati : ,

10 commentaires:

Sammy a dit…

Je suis plutôt d'accord avec ton analyse, mais nous ne sommes pas complètement libres sur la plateforme Blogger, comme sur toute autre plateforme de ce type d'ailleurs : nous n'avons pas la propriété du serveur, ni la maîtrise du logiciel de publication... Monsieur Google peut fermer le bazar du jour au lendemain !

Pour ce qui est des utilisateurs qui se font manger la laine sur le dos en croyant bénéficier du système, je suis on ne peut plus d'accord avec toi, mais je crois que pour l'instant tout le monde y trouve son compte. Le jour où le coût sera pour nous supérieur à l'intérêt, il faudra alors se poser des questions.

Sarpedon a dit…

Des questions je m'en pose, je peux te l'assurer. Mais je constate avec soulagement que je ne suis pas le seul

Allez, je viens de réussir à mettre un lien dans mes commentaires. Il ne faut jamais perdre espoir.

Sammy a dit…

Le html, c'est trop facile ! ;-)

Décidemment, nous allons nous nous retrouver sur cet article de 1 et 2 !

Sarpedon a dit…

Les beaux esprits finissent toujours par se rencontrer...

Sammy a dit…

Deux articles pour prolonger ta réflexion sur ce sujet :
- Crowdsourcing 1/2
- Crowdsourcing 2/2

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.