mardi 6 janvier 2009

La couleur de la crise

La période des fêtes de fin d’années est propice aux bilans de toutes sortes. Allez savoir pourquoi, quelqu’un a décidé qu’à date fixe on solderait les comptes chaque année. Bien sûr, l’année nouvelle est déjà bien entamée, mais il n’est jamais trop tard pour cracher dans la soupe, c’est juste une question d’état d’esprit.

P1000079Une fois n’est pas coutume, l’année écoulée a été le théâtre de nombreux bouleversements. Si certains ont peur du changement, moi c’est l’immobilisme qui me fait peur. Et j’ai comme l’impression que le monde a évolué alors que notre petite Belgique est restée la même. C’est bien simple, on en est pratiquement au même stade qu’en fin 2007 : l’incertitude quant à une nouvelle réforme institutionnelle qui, tout en paraissant inéluctable, n’a jamais semblé aussi lointaine. La faute évidemment à la crise financière née aux USA qui empêche nos chers politiciens de se pencher sur les vrais problèmes qui intéressent les gens : scinder l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, créer une vignette routière pour chaque région, régionaliser le code de la route…

Paradoxalement, si la menace est venue des Etats-Unis, c’est également de ce côté qu’il faut chercher les signes d’un renouveau. L’élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis suscite beaucoup d’espoirs (Trop ?) C’est en tout cas la preuve s’il en fallait que ce pays n’est décidément pas tout-à-fait comme les autres. Pour peu qu’on s’en donne les moyens, beaucoup de choses sont possibles, même s’il reste un certain nombre de tabous au pays de la bière et du chocolat.[1] La petite histoire retiendra que j’ai connu un président américain afro-américain avant de connaître un premier ministre belge francophone. On ne peut pas tout avoir. Cela étant, quand tout va mal, il est bon de savoir que le surréalisme a encore de beaux jours devant lui.

De manière générale, il n’est certes guère plaisant de finir l’année dans la tourmente ; il l’est encore moins de savoir que selon toute vraisemblance la suivante sera encore pire. C’est en tout cas ce que proclament à l’unisson les journaux, la télévision et la presse écrite. D’ordinaire, la méthode Coué sert à se convaincre qu’on peut arriver à un résultat positif. Ici, c’est exactement l’inverse. Et qu’importe si à force de crier au loup les médias risquent de créer ce que tout le monde veut éviter. Crise, pouvoir d’achat, crise, pouvoir d’achat : on nous rebat les oreilles de ces deux formules à longueur de journée.

Voilà pour le discours officiel, car si l’on prend la peine de regarder autour de soi, on constate que la situation est toute autre. Pour la plupart des gens, elle reste inchangée. Elle serait même meilleure que l’an dernier si l’on tient compte de la baisse momentanée du prix des produits pétroliers. Mais voilà, il ne fait pas bon aller contre le sentiment général de morosité. Quoi qu’en disent certains, les magasins sont remplis, les armoires aussi. Il n’y a guère que les motivations pour changer : hier, on consommait parce qu’on avait confiance dans le futur et que tout allait bien, aujourd’hui on consomme pour oublier que tout va mal et qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait. On dépense l’argent qu’on a, celui qu’on n’a pas encore et celui qu’on n’aura jamais. Et au niveau des Etats c’est pareil, à plus grande échelle bien entendu. Peu de budgets en équilibre, les déficits qui se creusent, de toute façon nous finirons tous sous les eaux avant de devoir payer la facture.

De fait, il me semble que la situation est un peu plus complexe que certains veulent bien le dire. Tout ne va pas si mal en ce bas monde. Si chacun vit la crise au quotidien, c’est avant tout à force d’en entendre parler chaque soit dans le journal de TF1. A force de mettre des œillères qui nous font voir les choses en noir et blanc, on finit par oublier que tout est gris, désespérément gris. Et alors, un peu de grisaille vaut toujours mieux que la noirceur ambiante, non ?

Je vous souhaite, je nous souhaite une année où l’on arrêtera de parler de crise à chaque instant, dans les journaux, la rue, les journaux télévisés. Bonne année à toutes et à tous, dans le monde physique et dans l’autre.


[1] C’est tout de même plus flatteur que “pays des frites.”

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Enfin un billet sur la crise dont je partage les propos ! Marre d'entendre les médias nous rabâcher les oreilles avec la crise ! Un peu plus, ils nous feraient culpabiliser de vivre comme avant...Car si des gens souffrent d'une économie en berne parce qu'ils ont perdu leur emploi, la majorité n'a pas à faire face à une baisse de pouvoir d'achat: le prix de l'esssence a baissé !