Churchill a dit un jour que la première victime de la guerre c’était la vérité. Il arrive aussi que la mort frappe à l'écart du champ de bataille. La première victime du 11 septembre est tombée bien loin de Manhattan, quelque part au fin fond de l’Afghanistan. Le commandant Massoud qui avait survécu à la guerre contre les Soviétiques puis avait lutté sans relâche contre les Talibans n’a pas survécu à l’attentat suicide dont il a été la cible. Le lion du Panshir a été tué le 9 septembre 2001 par des lâches munis de faux passeports belges et se faisant passer pour des journalistes
A l’heure où le monde se cherche de nouvelles figures emblématiques, parfois en créant des icones de toutes pièces, il y a comme une injustice à voir ce visage familier dont le nom reste si souvent méconnu. Ce n’est pas étonnant quand on observe le traitement médiatique réservé au 40ème anniversaire de la mort de Che Guevara, quand bien même la plupart de ses combats sont dépassés.[1] Une couverture sans commune mesure avec celle du 6ème anniversaire de la disparition du commandant Massoud. Et ce alors que son combat contre l’obscurantisme des Talibans n’a peut-être jamais été autant d’actualité.
Deux poids, deux mesures. Que peut-on faire à notre niveau pour rétablir l’équilibre ? Bien sûr, je pourrais porter un t-shirt à l’effigie du Commandant, mais il aura toujours un inculte sur ma route pour croire que je sponsorise Ben Laden. Alors, dans ces conditions, prendre le métro, je n’ose même pas y penser…
Soit, admettons. On ne se souvient pas de lui comme on devrait. Là n’est pas le plus important. De toute façon il est trop tard, c’est de son vivant qu’on aurait dû le soutenir. Si on avait chassé les Talibans en temps utile, peut-être que l’on n’en serait pas là. Mais voilà, on ne réécrira pas l’Histoire. L’Afghanistan n’intéressait personne à l’époque comme aujourd’hui la Birmanie ne mobilise pas tellement les grands de ce monde. Comme le dit Jane Birkin, on a été très forts pour faire des posters avec Massoud. Et si rien ne bouge on va bientôt pouvoir faire la même chose avec Aung San Suu Kyi.
L’Histoire est une vieille dame capricieuse qui n’aime pas qu’on lui rappelle son âge, ni celui des ses enfants. Elle oublie beaucoup, ne se souvient que de ce dont elle a envie de se souvenir et, surtout, a une fâcheuse tendance à se répéter. Surtout ces derniers temps.
[1] Le communisme ne survit guère plus qu’à Cuba, au Vietnam peut-être et sous une forme assez bizarroïde en Chine.
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