Parfums d’hiver

 Dans l’intimité de la nuit règne un étrange silence, à peine troublé par le son mat de la neige qui se compacte sous mes pas. Le long du parc, je croise quelques pingouins en smoking. Un peu plus loin, deux bonhommes de neige se disputent une carotte égarée. Quelques otaries s’ébattent gaiement dans le bassin à demi gelé.

Les flocons, tel du sable immaculé, tombent sur mes épaules tandis que les abords de la Grand Place prennent des airs de boule à neige. Abrité par une colonne de platanes qui se dresse en une haie d’honneur, je remonte lentement le long des files de voitures, dépasse les passants qui zigzaguent dans l’espoir de conserver leur équilibre. Un Jack Russell tente désespérément de se saisir d’un flocon, son maitre à bout de souffle qui maintient tant bien que mal le contact. Bruxelles a revêtu son manteau blanc et c’est toute la ville qui tourne au ralenti.

Lentement, je chemine, toujours précédé par un nuage de condensation. Le mercure reste bloqué sous zéro, mais il ne fait pas froid : le vent est tombé depuis peu. Arrivé au sommet de la côte, je contemple la ville qui s’étire à mes pieds, son cœur qui semble battre au ralenti. Le soleil se lève peu à peu, ses rayons viennent souligner les irrégularités de la couche neigeuse, et songe intérieurement que le son de mes écouteurs s’accorde à merveille avec le paysage enneigé. Pour un peu, je deviendrais un de ces farfelus qui s’émerveillent devant la beauté du ciel. Au fond, c’est peut-être ça le bonheur : une impression fugace, inexplicable et que nul ne peut reproduire.

Mots clés Technorati : Bruxelles,hiver,neige