mercredi 23 septembre 2009

Ceux qui reviennent

Un été de come-backs

Prendre sa retraite représente toujours un changement de rythme brutal, même lorsqu’il constitue un choix mûrement réfléchi. Pour certains, elle ferait même figure de petite mort : perte de repères, rupture brutale du lien social, lequel s’accompagne quelquefois du sentiment d’être hors du coup, inutile. Quand il s’agit de personnes habituées aux feux de la rampe, le retour dans l’ombre peut s’avérer encore plus problématique.

Justine_henin_hardenne_medibank_international_2006_small Cet été aura connu son lot de come-backs, avec des fortunes pour le moins diverses. Il y eut Lance Armstrong qui, s’il n’a pu faire illusion longtemps quant au gain du Tour de France, termine tout de même sur le podium aux Champs Elysées. Michaël Schumacher, que Ferrari avait rappelé pour pallier à l’absence de Felipe Massa, blessé, a connu moins de chance : les conséquences d’une mauvaise chute à moto l’on empêché de reprendre le volant de la monture avec laquelle il avait tout gagné. Kim Clijsters avait elle quitté les courts en 2007. Deux ans et un bébé plus tard, la voilà qui revient, aussi forte, pour s’adjuger un second US Open.

Son exemple force l’admiration, à tel point qu’elle semble faire des émules. A présent, c’est au tour de Justine Henin d’annoncer son retour, après avoir maintes fois repoussé cette éventualité. On est en droit de s’interroger sur ce qui peut pousser des sportifs de haut niveau, exténués par les voyages et la succession des épreuves, à reprendre le chemin de l’entrainement. N’oublions pas qu’une joueuse de tennis qui met un terme à sa carrière à l’âge de vingt-cinq ans, a déjà près de deux décennies de présence sur les courts dans les jambes.

Je laisse de côté le mobile pécuniaire : je veux croire que les années passées sous les feux des projecteurs ont permis aux étoiles de mettre de côté de quoi vivre une vie décente, et même plus. L’exemple d’André Agassi montre d’ailleurs qu’il n’est nul besoin d’avoir une actualité chargée pour engranger de plantureux revenus publicitaires.

La véritable motivation serait plutôt à rechercher dans la soif de victoires, et plus encore dans la décharge d’adrénaline qu’ils ressentent au moment d’entrer en piste. Il est vrai que passer sans transition du court Arthur Ashe à la routine de la « vie ordinaire » ne se fait pas sans un pincement au cœur. Le vide devient vite pesant quand on s’arrête à l’heure où d’autres n’ont pas encore terminé leurs études, et il devient urgent d’assurer sa reconversion. Si la plupart des anciens sportifs préfèrent rester dans leur domaine de prédilection, on a connu un pilote de formule se muer en patron de compagnie aérienne, ou bien encore un tennisman connaitre également le succès dans une carrière de chanteur.

D’autres enfin préfèrent revenir à leurs premières amours, après un repos bien mérité. Le fait que ces sportifs n’ont pratiquement plus rien à gagner, et tout à perdre. Ayant à peu près tout gagné lors de leur première carrière, le public s’attend à ce qu’ils soient aussi dominateurs dès leur retour. Hélas, une longue période d’inactivité, plus encore lorsqu’elle s’ajoute à une grossesse, vous change à jamais. L’on ne compte plus les exemples de retours mitigés, voire carrément pathétiques. Il en faut du courage pour replonger ainsi dans le grand bain médiatique. A moins qu’il ne s’agisse plus d’inconscience ? Sans doute un peu des deux.

Les medias ne se montrent pas tendres avec les étoiles sur le retour. Une simple recherche sur Google avec les mots-clefs « came back raté » donne des résultats pour le moins étonnants, puisque sur les dix premiers résultats, neuf concernent Whitney Houston, minée par des années d’excès en tous genres, et désormais ex diva de la soul. En dehors de quelques irréductibles fans que la passion aveugle, le public aura, lui aussi, tôt fait de brûler ceux qu’il a adorés. La foule est un animal cruel et imprévisible.

Pour surprenants qu’ils soient à première vue, ces retours sont, à bien y réfléchir, complètement dans l’air du temps. A l’heure où l’on nous serine à longueur d’année qu’il faudra travailler plus pour gagner plus et travailler plus longtemps pour améliorer sa pension, quoi de plus normal pour ceux qui ont connu le succès que de reprendre leur carrière où ils l’avaient laissée. Pourtant, si l’on à coutume de dire qu’on ne peut pas renaître sans mourir, faut-il forcément passer par la case retraite pour revenir au sommet ? Il faut voir ces scènes cocasses de sportifs quitter la scène sur une défaite, jurer leurs grands dieux qu’on ne les y reprendra plus, pour ensuite revenir sur leur décision. On laissera chacun seul juge, pour ma part je ne peux m’empêcher de trouver une certaine élégance au fait de tirer sa révérence au sommet, sans espoir de retour. La dernière image est souvent celle que retient l’Histoire.

Aucun commentaire: