dimanche 11 octobre 2009

District 9

On peut considérer qu’il existe deux catégories de films traitant des extra-terrestres. Dans la première, les nouveaux venus sont généralement considérés comme des envahisseurs par essence, qu’il convient de renvoyer dans l’espace, à grands renforts d’effets spéciaux de préférence. La seconde catégorie se compose de films plus ambitieux, plus confidentiels aussi, où les aliens sont vus comme des créatures aux intentions mystérieuses, aux pouvoirs mal définis. District 9 appartient résolument à cette seconde école, au même titre que E.T. ou Contact.

District9_img4  Le point de départ est simple. Voilà vingt ans qu’un vaisseau spatial s’est immobilisé dans le ciel de Johannesburg. Ses occupants, sortes de grandes crevettes sur pattes, sont parqués dans la zone qui se situe en contrebas, le District 9, avec interdiction d’en sortir. La cohabitation entre les nouveaux venus et les locaux devient de plus en plus difficile, si bien que les autorités prennent finalement la décision de faire évacuer les aliens vers une zone isolée. C’est par les préparatifs de cette opération que débute le film.

District 9 se veut réaliste, à des années-lumière d’Independence Day, impression encore renforcée par des effets spéciaux qui, s’ils sont loin d’être omniprésents, parviennent à crédibiliser cette histoire de crevettes géantes qui aurait facilement pu sombrer dans le ridicule. On en est loin fort heureusement et, malgré une petite baisse de régime dans la seconde moitié, le film tient toutes ses promesses.

Le thème central de District 9 est, on l’aura compris, le racisme et son corollaire, le droit à la différence. S’il est question d’extra terrestres, c’est pour mieux parler de problèmes intra humains. En effet, difficile ne pas voir dans cet antagonisme humain-aliens une métaphore de l’apartheid, ce n’est sans doute pas par hasard que l’action se déroule en Afrique du Sud. L’Histoire avec un grand H montre que si l’Homme ne peut pas maltraiter, encore moins tuer ses semblables, rien n’interdit de s’en prendre à celui qui est différent. Le monstre, c’est toujours l’autre, celui qui n’est pas conforme à la norme. Dans ce contexte, c’est peu dire que les humains n’ont pas forcément le beau rôle. Alors, autant oublier tout de suite nos bons vieux réflexes : nulle trace ici de bons ou de méchants, seulement des êtres qui défendent leurs intérêts et, quelquefois, celui de leur espèce.

En éliminant toute forme de manichéisme, District 9 évite l’écueil traditionnel de ce genre de grosse production. Le film n’est pourtant pas exempt de tout reproche. Au rayon des maladresses, on pointera l’affiche qui représente le vaisseau surplombant Johannesburg (et n’est pas sans rappeler celle de Independance Day), finalement bien peu représentative du film. Le manque de charisme du personnage central, s’il est volontaire, peut également être un obstacle pour l’implication du spectateur dans le récit. Je ne m’appesantirai pas sur le passage vers la fin du film, digne de Transformers, dont on aurait pu facilement se passer. Malgré ces bémols, il reste au final un long métrage qui, sans renier une dimension de divertissement, va pourtant bien au-delà par la réflexion qu’il propose. Pas mal pour le premier film d’un jeune réalisateur, Neill Blomkamp, même si on peut difficilement parler de surprise quand on sait qu’il était parrainé par un certain Peter Jackson. On a vu pire comme référence.

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