Cogito Rebello tacle Eric Naulleau, Sammy se penche sur le cas du Dr House. Les nouveaux méchants tiennent le haut de l’affiche. Après des décennies de léthargie et de politiquement correct, un petit vent de révolution souffle sur la télévision. Et même si le réveil est tardif, il a le mérite d’exister.
Des médecins misanthropes…
Baskets aux pieds et sourire narquois sur les lèvres, le docteur Gregory House fait figure d’ovni dans la corporation médicale. Sa claudication et son look débraillé tranchent avec ce que l’on s’attend à voir ordinairement de la part d’un disciple d’Hippocrate. A des années lumières de l’insupportable mièvrerie de L’Instit, Hugh Laurie campe un docteur froid, antipathique et totalement dépourvu d’empathie pour ses patients. La recette fonctionne. TF1 réalise ses meilleures audiences du moment avec la quatrième saison de la série. Surfant opportunément sur la vague, même les vrais médecins se servent du phénomène pour faire leur promotion.
J’ai ma petite idée sur les raisons de ce succès. House nous renvoie à l’enfant que nous avons tous été et qui n’hésitait pas à montrer du doigt la vieille dame croisée chez l’épicier affublée d’un bouton sur le nez. Alors on adore le détester, parce qu’il dit tout haut ce qu’on a tous pensé un jour tout bas. Et puis il brise un tabou, celui du docteur, sauveur quasi miraculeux censé regarder ses patients avec les yeux de Chimène. Le médecin fait partie de ces professions sacralisées, au même titre que le curé et l’instituteur. Misogyne, misanthrope, on lui pardonne tout parce qu’il est infirme et brisé par la vie dans tous les sens du terme. Heureusement, c’est aussi et surtout un génial diagnosticien, capable de se remettre en question, même si c’est à contrecœur. C’est déjà pas si mal.
… aux chroniqueurs snipers
Dans un tout autre registre, les francs-tireurs Eric Naullau et Eric Zemmour, véritables porte-flingues de Laurent Ruquier et chroniqueurs littéraires de leur état, font partie de ces aiguillons du PAF à même d’envoyer dans les cordes le plus rôdé des auteurs en tournée promotionnelle. Rien de tel quel la bonne vieille technique du gentil animateur associé au méchant chroniqueur pour susciter des confidences dans l’intimité d’un plateau de télévision. Il y en eut d’autres, de ces improbables duos, avant eux : Guy Carlier chez Marc-Olivier Fogiel, Laurent Baffie chez Thierry Ardisson.
Evidemment, les Naulleau Et Zemmour ne font que tirer sur l’ambulance dans leurs chroniques littéraires. Sans doute est-il plus facile de tirer à boulets rouges sur le livre de Laurence Boccolini, que de s’attaquer à des monstres sacrés de la littérature. Il est vrai que Laurent Ruquier reçoit plus souvent des gens qui écrivent des livres que des écrivains. Et puis au moins, ils ont l’élégance d’adresser leur critiques en face de l’invité, lequel pourra ensuite fièrement exhiber les cicatrices de son corps-à-corps avec les deux comparses. Alors, si les invités vont à l’abattoir, c’est en pleine connaissance de cause et conscients du bénéfice qu’ils peuvent en retirer.
On peut se demander s’il n’est pas excessif de mettre les invités sur la sellette comme ils le font. Moi, je me demande pourquoi la télévision est le seul lieu où les journalistes acceptent de faire la promotion des films, des livres et des disques sans demander aux invités de jouer le jeu en retour ni poser les questions qui fâchent. Vous verrez rarement un film descendu en flammes dans une émission télévision, alors que la même œuvre sera cassée méthodiquement par la critique dans la presse écrite. Non, tout n’est pas merveilleux ni formidable, pour contredire Michel Drucker.
Un succès éphémère
La méchanceté fait aujourd’hui recette, et l’on n’hésite plus à mettre en avant des personnes peu au premier abord, peu amènes. J’ai découvert il y a plus d’un an le blog d’un sociopathe misanthrope, que n’aurait pas renié le Dr House. Malheureusement le blog n’était déjà plus actif lorsque je suis tombé dessus. De fait, la plupart du temps, les accès de franchise, de mauvais esprit et les causeries politiquement incorrectes en général n’ont qu’un temps et chacun de retourner bien vite à ses préoccupations moutonnières. A la vie comme à la scène, jamais les mauvaises langues ne font de vieux os.
2 commentaires:
Honte sur moi ! Je n'avais pas lu cet article ! Merci pour le lien !
Rien à redire sur la partie "Dr House", je suis tout à fait d'accord. L'ambivalence du spectateur par-rapport à son méchant héros est bien décortiquée.
Pour les chroniqueurs dont tu parles, je retiens surtout le fait qu'ils tirent sur l'ambulance, et qu'il est effectivement plus facile de se moquer de plus "petit" que soi, pour peu que l'on soit un peu plus brillant que la moyenne des médiocres invités. Après, j'avouerais que l'exercice me lasse assez rapidement ; toutes ces vraies-fausses querelles, ces faux sourires, ces vraies critiques, ces indignations de pacotille... je m'en fous ! C'est bien simple : Eric Zemmour, je ne le connais que de nom...
Je laisserai le dernier mot à Gregory House, qui n'hésite pas à dire à un ado atteint de la même maladie qu'Elephant Man qu'il ne le plaint pas, mais au contraire qu'il l'envie, parce que sa difformité lui autorise tous les caprices. (si ma mémoire est bonne)
Eh bien, nous, pauvres spectateurs, c'est House que nous envions, lui et son incomparable perspicacité qui lui autorisent bien des excès.
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