dimanche 18 janvier 2009

Mauvais réflexes

Ça commence comme une mauvaise série B, avant de finir comme dans tous les films catastrophes : tout le monde s’en sort indemne grâce à la virtuosité d’un héros comme l’Amérique les aime. Ne manque que la femme enceinte qui perd les eaux et le tableau serait complet.

800px-Struthio-camelus-australis-grazing22h40, j’apprends qu’un avion s’est « crashé au-dessus de New-York. »[1]

Les pensées se bousculent dans ma tête. Ma première pensée est « M…, ça doit faire un tas de morts. » Je pense à Lockerbie, les passagers de l’avion, les victimes au sol. Puis, juste après: « Ils » ont recommencé.

Il me faut quelques instants pour recouvrer mes esprits et lire la dépêche qui précise que le pilote de l’appareil a été contraint d’effectuer un amerrissage d’urgence sur l’Hudson suite à une avarie moteur. Tous les passagers ont pu être évacués sains et saufs. On n’en dira pas autant des volatiles, pointés comme responsables de la panne, qui ont selon toute vraisemblance beaucoup moins bien supporté leur passage éclair dans les réacteurs. Mourir en plein ciel. C’est assez cohérent pour une bête à plumes.

Avec le recul, tout cela semble anecdotique, mais il n’en est rien. Ça fait des années que j’écris le même billet à intervalles réguliers. Tous les ans en réalité. Quand dans cinquante ans on se demandera ce qui a été le principal changement intervenu dans les années 2000, on dira que c’était l’époque où les accidents les plus anodins étaient considérés avec suspicion, l’ombre d’Al-Qaïda semblant se profiler derrière chacun d’entre eux. Et comment ne pas le comprendre, quand certains rivalisent d’imagination pour nous détruire ?

Alors on annule des feux d’artifices, on change le Paris-Dakar de continent quand on ne le supprime pas tout simplement, on blinde les voitures des futurs présidents américains, on limite nos possibilités de déplacements en j’en passe. Des mesures bien inutiles, car que valent-elles face à la détermination de quelques individus perdus dans la masse ? On se contente de surveiller les cibles les plus exposées, sachant qu’il serait impossible de mettre un policier derrière chaque citoyen, chaque immeuble. Serait-ce même souhaitable ? Poser la question c’est y répondre. Alors on fait comme si de rien n’était, on ferme les yeux, et on continue de prendre l’avion, le métro, de blasphémer, de caricaturer, d’adorer, d’abhorrer. Un peu comme le cavalier désarçonné qui remonte aussitôt sur sa monture. Dans le fond, c’est peut-être la meilleure chose à faire.

« Je ferai taire les médisants en continuant de bien vivre ; voilà le meilleur usage que nous puissions faire de la médisance », disait Socrate bien avant notre ère. Une recette sans doute bien plus efficace que celles préconisées par tous les simili Jack Bauer de la terre. Maintenant c’est certain, 2009 sera l’année de l’autruche.


[1] Le titre de l’article a été corrigé depuis lors.

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1 commentaire:

Sammy a dit…

Excellent billet, j'aime bien la mise en perspective.