vendredi 6 juin 2008

Comment le web change le monde

almul-final.1206599695 Je dois reconnaitre que j’étais sceptique au début. Les semaines qui ont suivi également. Je guettais l’arrivée du facteur, cherchant désespérément entre les publicités et les factures le précieux document. Et puis voila que le jour où je ne l’attendais plus, un paquet blanc m’attend sagement dans la boîte aux lettres. A l’intérieur, le dernier ouvrage de Francis Pisani et Dominique Piotet, intitulé « Comment le web change le monde. »

L'éditeur ayant rempli sa part du contrat, il me reste à accomplir la mienne, ainsi que je m’y étais engagé. J’ai terminé le livre ce matin, et je sacrifie donc bien volontiers à cette formalité.

Quel est donc le propos de cet ouvrage ? Tirer un premier bilan de ce qu’apporte, en bien comme en mal, le Web 2.0 qui fait la part toujours plus belle à la participation des internautes. Ceux qui ont déjà eu l’occasion de consulter le blog d’un des auteurs connaissent sa pensée, les autres apprécieront de découvrir deux experts dans leurs domaines respectifs qui ne voient pas dans ceux qu’ils nomment les webacteurs, des amateurs prêts à leur dérober leur place. De même, ils évitent soigneusement le piège de la religiosité, cette foi inébranlable et irraisonnée dans les vertus du web : le web n’est ni bon ni mauvais, il est fondamentalement amoral. Tout dépend donc de ce qu’on en fait.

Témoin de cette volonté de trouver une troisième voie, la création d’une nouvelle formule pour qualifier l’action des webacteurs, ce que les auteurs nomment « alchimie des multitudes. » De cette manière, on évite les appellations extrêmes du style d’« intelligence collective » ou au contraire de « bêtise des foules. » Les anciens alchimistes prétendaient pouvoir transformer le plomb en or. On sait avec quels résultats. Les alchimistes dont parle le livre sont de ceux qui peuvent changer 1 + 1 en beaucoup.[1] L’alchimie, c’est ce qui se passe quand on fait interagir des milliers d’individus. Les multitudes, c’est vous qui me lisez, c’est moi. Le résultat total dépasse la somme des actions individuelles.

Malheureusement, la participation des foules reste pourtant la plupart du temps mal vécue par ceux qui détenaient le monopole du pouvoir d’informer (mais pas le monopole de l’information.) Il est sans doute plus simple de défendre son pré carré que d’aller voir par soi-même sur la toile si l’herbe y est plus verte. Pourtant, la participation des internautes a déjà fait montre de son intérêt. Comme les auteurs le soulignent à juste titre, lorsqu’on voit une faute dans un article, on écrit au journal pour lui signaler. Après, il en fait ce qu’il en veut et la correction apparaitra au mieux quand tout le monde aura oublié la teneur de l’article originel. Par contre, quand on estime qu’un article de Wikipédia est erroné ou incomplet, ne reste qu’à se retrousser les manches pour régler soi-même le problème. Le résultat sera directement visible. De la même manière, les commentaires d’un blog permettent aux internautes de compléter le billet.

Voilà pour le fond. Rien à redire du côté de la forme. On aurait pu craindre un essai d’experts répandant leur bonne parole du haut d’une tour d’ivoire. Il n’en est rien, les auteurs prennent le lecteur néophyte en nouvelles technologies par la main et réexpliquent en termes simples tous les mots clefs du Web 2.0. Mashup, blog, Wikipédia… n’auront plus de secret pour vous. Les habitués souriront, les autres apprécieront cette volonté d’ouverture même si je reste sceptique quant au fait qu’ils puissent de cette manière intéresser de nouveaux venus.

Au moment de conclure, je voudrais revenir sur la question de l’avenir du web, dont le livre traite également. S’attardant longuement sur le nom à donner au successeur du Web 2.0, les auteurs négligent peut-être le fait qu’une bonne partie de la population mondiale n’est pas connectée, même dans nos pays dit développés. Même parmi les internautes, la plupart ne connaissent du Web 2.0 que Facebook. Je m’étonne tous les jours du nombre de personnes qui prétendent savoir ce qu’est un blog sans être capable d’avancer un début de définition, et ne parlons pas des flux Rss qui restent de grands inconnus pour le commun des mortels. Même chez les plus jeunes. L’écart grandit chaque jour entre ceux qui sont « en ligne » et ceux qui sont « hors-ligne. » Comment le web pourrait-il rapprocher les gens tout en reproduisant dans le monde « dans les nuages » les inégalités du monde physique ? Avant de passer au Web 3.0, le vrai défi sera, à mon sens, davantage de faire sortir du bois cette majorité invisible qui reste désespérément muette.

Sur ces belles paroles, je m’en retourne changer le monde…


[1] 1 + 1 ne font pas 11. On n’est pas chez Jean-Claude Van Damme non plus.

3 commentaires:

Monsieur J a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Monsieur J a dit…

Voici ma revue à moi :-)
http://tiny.cc/Bado6

Sarpedon a dit…

Pffff, voila que je supprime l'autre commentaire par inadvertance. Vive l'informatique...

Bien vu pour le résumé, espérons que tout ce buzz que nous faisons autour du livre améliorera les ventes. Il le mérite.