mercredi 26 mars 2008

Des dragons et des lamas

Faut-il se rendre aux Jeux olympique de Pékin ? A l’heure où la Chine réprime de manière musclée les manifestations Tibet, de plus en plus de politiciens se posent la question, alors que les premiers concernés sont évidemment les sportifs. Pourtant, ce sont bien les seuls que le doute ne tressaille pas.

Au mieux un silence gêné, dans la plupart des cas cet argument qui revient sans cesse : « Nous ne faisons pas de politique, le sport et la politique sont deux choses différentes. » L’un et l’autre ont pourtant toujours été mêlés. Les exemples ne manquent pas. Le marathon a été créé pour commémorer la fin héroïque de Phidippidès courut de Marathon à Athènes pour annoncer la victoire des Grecs sur les Perses avant de mourir d’épuisement au terme de son effort. Je passerai sur l’épisode des jeux de Munich conçus pour démontrer la prétendue supériorité de la « race aryenne » avec le résultat que l’on sait. Le sport fut également un des lieux privilégiés de l’affrontement que se livraient USA et URSS au bon vieux temps de la guerre froide. En témoigne le boycott des Jeux olympiques de Moscou en 1980 par les Américains suivi du boycott des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 par l’URSS. Plus proche de nous, la Yougoslavie fut exclue de L’Euro 1992 de football à cause de la guerre civile qui sévissait dans le pays. Le Danemark, sélectionné à sa place, remporta d’ailleurs le tournoi.

Qu’on trouve légitime cet état de fait ou le déplore, les liens entre sport et politique sont une réalité. On ne peut donc écarter d’un revers de la main le recours au boycott. Il faut raisonner de manière pragmatique, sachant que l’objectif est que la Chine s’ouvre aux droits de l’Homme et pas seulement à l’économie de marché, quel est le meilleur moyen d’y parvenir ? Faire l’impasse sur les Jeux olympiques au risque de voir l’Empire du milieu se refermer sur lui-même ou au contraire participer à la compétition en pointant du doigt les éventuelles violations des droits de l’Homme.

Quelque soit l’option privilégiée, pour que la menace soit efficace, il faut que le boycott soit une option sérieuse, pas qu’une vue de l’esprit. Tant pis pour les idéalistes, si le sport de haut niveau n’avait pas d’utilité politique, il n’aurait que peu d’intérêt.

2 commentaires:

Tom a dit…

En effet, un boycott ne ferait que vexer le peuple chinois qui embrigadé
dans la propagande du parti ne comprendrait pas la position du reste du monde.
Allons à ces jeux, c'est une tribune incroyable pour s'adresser au peuple chinois.
C'est à lui qu'il faut convaincre, pas le parti.
A ce propos, certains athlètes proposent de porter un ruban vert lors des épreuves en signe de protestation, tel le perchiste Romain Mesnil. Ce sont des symboles que des millions de chinois vont voir et que le gouvernement va avoir du mal à expliquer…

Sarpedon a dit…

Il est vrai qu'on aura peut-être plus de chances d'obtenir des résultats en s'adressant directement au peuple. Encore faudrait-il qu'il ait accès aux images des épreuves. Le contraire serait surréaliste dans le chef du pays organisateur mais plus rien ne m'étonne...