samedi 29 mars 2008

Bloguer, et après ?

Quelquefois je me prends à rêver devant mon écran à tous ces blogueurs dont je lis la prose assidument. Qui sait si parmi eux ne se trouve pas le futur Proust ou Houellebecq ? Dans un grand élan d’immodestie, je songe à celui ou celle que j’aurai contribué à lancer, lisant sa prose désespérée quand personne ne le connaissait, l’encourageant par mes commentaires bienveillants à poursuivre dans la voie qu’il s’est choisi. Seul ou avec quelques autres nous aurions décelé le potentiel entre les lignes maladroitement rédigées à la hâte sur un vieux portable ayant connu des jours meilleurs. Au fond, chaque nouveau billet est une page qui se tourne sous mes yeux et nous rapproche inexorablement de l’éclosion ; d’un petit canard ou d’un cygne gracieux, je ne saurais le dire. Mais, j’en ai l’intuition, quelque chose va se produire.

Alors que certains enterrent déjà les blogs au profit des Facebook et autres sites communautaires, j’ai peine à croire qu’il ne restera rien de ce mouvement. Le cadavre bouge encore et puis, pour paraphraser les grands auteurs (rire sarcastique), quelque chose s’est levé, qui ne s’arrêtera pas. La radio n’a pas tué le journal, la télévision n’a pas anéanti la radio, l’internet n’a pas ruiné la télévision, les blogs n’ont pas phagocyté les sites d’information traditionnels. Tout me porte à croire que les sites communautaires ne tueront pas les blogs. Peut-être seulement leur heure de gloire est-elle passée ou connaissent-ils aujourd’hui leur apogée. Pour ne pas devenir marginaux, il leur faut aujourd’hui évoluer.

La plupart vont disparaitre de leur belle mort, sans fracas de remous, de la même manière qu’ils ont vivoté. D’autres survivront, les meilleurs ou les plus populaires, c’est selon. Cet écrémage, synonyme je l’espère de nivellement par le haut, fait figure de passage obligé pour la blogosphère si elle veut pouvoir prétendre un jour à la reconnaissance qu’elle mérite. Aujourd’hui, si l’on connait beaucoup de figures médiatiques tenant un blog « parce que ça fait bien » et s’en servant de ce moyen comme d’un autre pour entretenir leur popularité, bien peu ont fait le chemin inverse et sont sortis de l’ombre par le biais de leur contributions bloguesques. Il y a bien Catherine Sanderson, mieux connue sous le pseudonyme de Petite Anglaise qui entame depuis peu une carrière d’écrivain, mais j’ai bien peur qu’à l’heure actuelle elle soit l’arbre qui cache la forêt.

La blogosphère ne compte pas de stars, au sens d’une personne dont la notoriété dépasse le cercle auquel elle appartient. Après tout, en dehors des lecteurs réguliers des blogs eux-mêmes, qui pourrait citer le nom d’un seul blogueur ? Certainement pas l’homme de la rue en tout cas, lui qui, à en juger par mon expérience, ignore tout ou presque du fonctionnement d’un blog. Il y a bien quelques figures de proue du mouvement, mais l’immense majorité reste méconnue, loi du genre oblige.

Je m’interroge sur ce qui fait la différence entre ceux dont le blog décolle, et tous les autres, dont le talent n’est pas forcément moindre, mais qui finissent par décrocher, faute de public. Le gros problème des blogs est d’avoir fait croire aux gens qu’on pouvait se passer d’éditeur, ce qui est d’ailleurs totalement vrai. Dépassé le seuil critique de la publication, le problème réside désormais dans la quête du public. En offrant à tous (et c’est très bien) la possibilité de faire connaitre ses écrits dans le monde entier, le nouveau modèle a crée une inflation de l’offre de contenu, quand la demande, comprenez le temps dont disposent les internautes pour découvrir de nouveaux sites, est restée peu ou prou inchangée. Devant cet écueil majeur, beaucoup finissent par sombrer, faute d’avoir littéralement pu trouver leur public.

Puis, il y a les autres, ceux qui, quelque part entre la masse qui renonce rapidement et ceux qui sont en haut de la pyramide, s’accrochent pour ne pas perdre pied et qui, à force de travail et de patience, finissent par s’installer et trouver leur place sur la toile. Difficile de le faire sans perdre son âme, j’en ai vu qui s’y sont brûlé les ailes, devenant ce qu’ils ont toujours dénoncé. En effet, tirer son épingle du jeu requiert de plus en plus des notions de marketing et de publicité tout autant que des qualités d’écriture. Il faut dire qu’il n’y a pas tant de recettes pour augmenter son nombre de visiteurs et que poster des commentaires sur les sites les plus influents en est une des plus efficaces. Dès lors, la tentation est grande pour certains de déposer des commentaires sans rien apporter au débat, uniquement pour squatter l’espace et faire connaitre leur propre site. La ligne rouge est clairement franchie. Et que dire alors de ces blogueurs qui s’associent pour mieux promouvoir leurs blogs respectifs, chacun y trouvant son intérêt, unis dans un même objectif : mieux gruger le lecteur. On atteint ici le paroxysme du cynisme virtuel.

Pourtant, au-delà de ces considérations, j’aime à croire que la plus grande qualité d’un blog reste la personnalité de celui ou celle qui se cache derrière les mots pour mieux tirer les ficelles. A voir le nombre de blogueurs talentueux qui peuplent la toile, je ne doute pas que certains se révèlent par ce biais.

A force de court-circuiter le système, on finit par en faire partie.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

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