Je ne sais pas vous, moi en ce qui me concerne je reçois souvent des mails qui ont fait le tour de la Terre plusieurs fois avant d’atterrir dans ma messagerie. Des messages inopportuns qu’un contact bienveillant a cru bon de me transmettre et qui ont une fâcheuse tendance à se multiplier à l’heure où l’on attend un mail qui, lui, est important.
Confronté à l’intrus, mon premier réflexe est d’abord de vouloir l’effacer. Malgré tout, quand le crime est trop grave ou mon humeur trop mauvaise, je ne peux m’empêcher d’expliquer à l’expéditeur qu’il a été imprudent de m’envoyer pareille missive, mais le mal est déjà fait car mon adresse apparaît dans le listing. Parce que certains se sentent investis d’une mission quasi messianique qui les oblige à m’informer tout ce que la Terre compte de malheurs, réels ou supposés, je ressens à mon tour comme un devoir moral de les informer des désagréments que cause leur comportement. Les personnes concernées se reconnaitront, les autres ne me tiendront pas rigueur de ce message qui ne les concerne pas au premier chef. Je dois ici préciser ces messages ne sont pas seulement une perte de temps, en bout de course se trouve souvent un spammeur qui va récupérer les adresses que de braves gens se sont chargés de récolter pour lui. Directement, cela fait moins rire.
Même lorsqu’il n’y pas d’individu mal intentionné en bout de chaine, les mails sont devenus le moyen le plus facile et le plus rapide de répandre les plus folles rumeurs. Il n’y a guère que le web proprement dit pour rivaliser en ce domaine. Diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque chose. Il est vrai qu’une information publiée sur la toile en restera pour ainsi dire éternellement prisonnière. Et quand bien même elle serait effacée du site concerné, rien ne dit qu’elle n’aura pas été reprise sur d’autres, ou plus surement indexée par les moteurs de recherche.
C’est ainsi qu’on sollicite dans des mails l’attention des gens pour retrouver des enfants disparus qui ont été retrouvés depuis longtemps… voire qui n’ont jamais disparu. Ou bien encore qu’on évoque des modes plus ou farfelus d’attraper le virus du sida ou des moyens soi-disant imparables de se faire de l’argent.[1] Le tout jouant, c’est selon sur l’émotivité des gens, sur les peurs des gens, leurs peurs ou l’appât du gain. Toujours sur leur crédulité. En témoignent, les formules menaçantes qui concluent ce genre de missive, du style : « Si tu ne transmets pas ce message à tous tes contacts, tu vas attirer le mauvais œil sur toi et toute ta famille. »
Dit comme ça cela prête à sourire, mais que celui qui n’a jamais cédé leur jette la première pierre. De fait, devant ces menaces à peine voilées, la plupart des gens préfèrent forwarder sans réfléchir le message. Pourtant des parades existent contre ceux qu’on nomme les hoaxes (hoax au singulier), mais il est plus facile de relayer une information non vérifiée que de s’entourer d’un minimum de précautions. Grandeur et décadence de vie moderne…
Tant de naïveté a quelque chose de touchant… tant qu’elle ne s’invite pas sans frapper à la porte de boite mail.
[1] Toute ressemblance avec des mails circulant ou ayant circulé sur la toile est purement volontaire.
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