lundi 3 décembre 2007

A quoi vous avez échappé

Il y a de ces jours où je me sens d’humeur taquine. Alors, je me prends à rêver.

Voilà quelque temps j’imaginais une nouvelle rubrique au sein de laquelle j’élirais chaque semaine un blog, disons au hasard un skyblog, sélectionné pour ses grandes qualités littéraires et artistiques, pour ensuite dire tout le bien que j’en pense. Une sorte de dîner de cons virtuel en somme.

Faute de maitriser une simple recherche dans Google, je doute que ma proie se rende jamais compte de mon forfait. Un crime sans victime, certes, mais qui manquerait singulièrement alors d’élégance. Quant à aviser ma cible de ma démarche, je doute que la personne à l’autre bout du lien hypertexte goûte mon humour avec la même délectation que j’ai à écrire ces lignes. Et comme je n’ai pas vocation à servir de punching-ball à la vindicte des skyblogueurs lassés d’être la risée de la blogosphère, je préfère m’abstenir.

A relire certaines de mes interventions, je prends conscience que les skyblogs deviennent un personnage récurrent de ce blog. En réalité, leur existence ne me pose aucun problème. Au contraire, ils auraient plutôt tendance à me rassurer sur mes facultés intellectuelles. Et puis, j’ai beau essayer, je n’arrive pas à leur en vouloir. Fruit de l’union sacrée du langage sms[1] et des photos de soirées trop arrosées[2], la ligne éditoriale des skyblogs est claire et sanctionne impitoyablement tout qui aurait l’idée saugrenue de s’en écarter. Les malheureux n’auront jamais l’ombre d’un visiteur, encore moins de commentaires, alors que certains en coulisses leur préparent un enterrement de première classe.

A l’indigence du propos (quand il y en a) répond la pauvreté de l’interface. Circulez y a rien à voir. Pourtant je pourrais admettre certaines circonstances atténuantes. La démarche de tout skyblogueur qui se respecte procède d’une mise par écrit de notre langage parlé. Je ne suis pas sûr que si l’on devait faire de même, le résultat serait foncièrement différent. Enfin, un peu dissemblable tout de même, j’espère.

En réalité, ce qui me gêne c’est que par un raccourci que je ne m’explique pas, on reproche à la blogosphère dans son ensemble les travers qu’on observe essentiellement sur les skyblogs : la superficialité du propos et le narcissisme de leur auteur. Or, LA blogosphère en tant qu’entité unique et cohérente n’existe pas, pas plus que LA presse écrite. Quoi de commun entre les journaux people et Le Monde ? La même dualité existe pour les blogs, si bien qu’il n’a aucun sens de comparer un skyblog avec un blog du journal Le Monde. Les deux ne boxent pas dans la même catégorie. Et cela même s’il faut reconnaître qu’il doit exister l’un ou l’autre skyblog intéressant (je cherche encore…) et quelque blog du Monde débile (j’en doute, mais soit admettons.)

Sur l’internet, rien ne ressemble moins à un blog qu’un skyblog. Par conséquent, les blogueurs qui nourrissent quelque ambition devront sans doute prendre leurs distances plus nettement avec les skyblogueurs et leurs avatars s’ils veulent un jour atteindre la crédibilité qu’ils appellent de leurs vœux. C’est tout le mal que je leur souhaite.

D’ici là, bloguez en paix, skyblogueurs, et soyez rassurés, je ne vous haïs point.

Mots clés Technorati : , ,

[1] « texto » pour nos amis français

[2] De préférence floues et sous-exposées.

2 commentaires:

Sammy a dit…

Voilà qui est bien dit.

Ton article ma fait penser à deux trois liens qui pourraient t'intéresser :
- Comité de lutte contre le langage SMS
- Les pires skyblogs du net (d'un autre côté "pires skyblogs, c'est un pléonasme...)
- Et un petit comic sur cette dualité entre différents types de blogs, que certains se refusent à comprendre...

Sarpedon a dit…

Me voilà démasqué. La BD que tu cites fut en effet l'une de mes sources d'inspiration pour rédiger ce billet, l'autre étant naturellement mon éxpérience personnelle.

Il est effectivement dommage qu'un blogueur ait toujours à justifier de sa présence sur le net quand il ne viendrait à personne l'idée de poser cette question à un écrivain. Je ne désespère pas que la situation s'améliore avec le temps.