lundi 22 octobre 2007

C’est quoi être Belge ?

Il est de ces espèces en voie de disparition dont le sort funeste indiffère plus qu’il ne chagrine. Le Belge périclite, et à en juger par l’absence de mesures de protection prises à son sujet, son avenir de paraît guère enviable. Notre pays compte de plus en plus de citoyens du monde, d’européens, de libéraux, de socialistes, de catholiques, de francophones, de flamands dans ses rangs, pas nécessairement dans cet ordre d’ailleurs. Et chaque jour un peu moins de Belges.[1] Faites l’essai dans la rue. Les gens se définissent d’abord par rapport à leur langue, leur culture, leur religion, et puis seulement par leur pays. Quelquefois on dirait que le seul belge c’est le Roi. Sans aller jusque là, ce sera certainement le dernier Belge.

Le Belge, parlons-en. Difficile de cerner cet être hybride, né à la limité de la romanité et de la germanité. On dit que les mélanges font des beaux bébés. C’est vrai, mais la succession est quelquefois difficile à régler. C’est le cas en l’espèce, et le temps est venu de faire l’inventaire de ce qui nous rassemble et fait que nous ne sommes pas que des Français ou des Hollandais. Je pose la question. A l’heure où le franc belge n’est plus, où la côte belge est devenue flamande, où le grand prix de Belgique en passe de devenir le grand prix « Belgique-Wallonie, » quand les diables rouges sont en crise permanente, que l’industrie de la bière est passée à l’étranger, et le secteur bancaire n’en parlons pas, que reste-t-il de la Belgique ? J’entends déjà certaines voix pour s’exclamer en chœur et dans le désordre : le roi, le chocolat, la dette publique, le surréalisme, l’humour, Tintin et Jean-Claude Van Damme. Et puis un sens que l’on croyait inné du compromis.

Je n’ai fait qu’aligner les clichés, j’en suis bien conscient. A croire que je suis influencé par tous ceux qui appellent de leurs vœux une Belgique réduite à cette plus simple expression, transformée en une sorte de marque déposée, une appellation d’origine contrôlée, sur le modèle de ce qui se fait en matière de vins. Rien de plus qu’une forme de label, tout juste bon à figurer sur les ballotins de pralines, les bières d’abbaye et les fromages. Au moins peut-on leur laisser le mérite du réalisme. Une étude récente a montré que les appellations « Flandre » et « Wallonie » ne valaient pour ainsi dire rien d’un point de vue commercial. Ce qui n’est pas le cas de Bruxelles… 456000 millions de dollars pour être précis. Malheureusement, je n’ai pas les chiffres pour la marque « Belgique » mais vu la notoriété dont dispose notre plat pays, je présume que le chiffre doit être au moins comparable.

Rien n’y fait, je ne parviens pas à donner de la Belgique ni des Belges une définition satisfaisante ni même à m’en approcher. Trop proche du sujet diraient les sociologues. La Belgique se cherche et je cherche la Belgique, mais ne la trouve point. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’existe pas.


[1] Je parle du ressenti des gens évidemment, en aucune manière du pays qui figure sur leur carte d’identité.

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