mardi 4 septembre 2007

Miroir aux alouettes

Au panthéon des questions stupides qui me traversent l’esprit, la suivante figure en bonne place : est-ce l’argent qui rend beau ou la beauté qui fait la richesse ? Est-ce parce que les gens ont du succès parce qu’ils peuvent se permettre financièrement de s’entretenir, ou à contrario est-ce parce qu’ils sont beaux que la vie leur sourit et qu’ils réussissent dans l’existence.

J’avoue que j’ai du mal à trancher. Un peu des deux sans doute.

Ça me paraît clair qu’il vaut mieux être beau pour réussir. Si ce n’est pas le cas, vous partez déjà avec handicap, ce qui ferme définitivement certaines portes. Pas moyen d’être Miss Monde par exemple. Bon, on peut devenir président des Etats-Unis mais c’est quand même moins prestigieux.[1]

En fait, toute notre existence est fondée sur cette injustice initiale : nous n’avons pas tous le même capital génétique. Jusqu’il y a peu, on ne se relevait pas de cette situation de départ. Impossible de changer. Conscient du problème, Dieu, dans sa grande miséricorde, a essayé de se rattraper et a engendré les deux mamelles de la beauté, j’ai nommé Photoshop et le bistouri. Je sais, ce n’est pas la panacée. Les logiciels de retouche photo n’ont jamais embelli que les images sur papier glacé et la chirurgie esthétique a crée presque autant de monstres que de bombes. Il faut dire qu’on ne peut rien construire de valable si les fondations ne sont pas bonnes. Et de toute manière, cela ne règle que partiellement le problème puisque tout cela a un prix et il n’est pas négligeable.

Les hommes (et les femmes encore plus) naissent inégaux devant leur miroir, l’argent les remet à égalité. En réalité, son rôle n’est pas très différent de celui joué jadis par les armes à feu. Leur arrivée a sonné le glas de l’utilisation de l’épée lors les duels, dès lors c’en était fini de la suprématie de la force physique. Que vous soyez un gringalet n’avait alors plus aucune importance. Pourvu que vous sachiez tirer, vous aviez toutes vos chances.

C’est pareil aujourd’hui. Science et technologie volent à votre secours pour combler vos imperfections physiques et effacer les outrages du temps, vous donnant meilleure mine à soixante ans qu’à la fin de vos études. Telle une voiture dont on aurait trafiqué le compteur pour la rajeunir artificiellement, vous voilà désormais remis à neuf.[2] Comme un défi au temps qui passe. Pour profiter de cette cure de jouvence, il faut bourse délier.

Il fallait être beau pour réussir, il faudra désormais être riche pour être beau. Au privilège de la naissance succède le privilège de la richesse. Une forme de privilège en chasse une autre. Rien de neuf sous le soleil.


[1] J’ironise bien sûr.

[2] En apparence du moins, car l’âge des artères, lui, n’a pas varié.

1 commentaire:

Nicole C a dit…
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