Dans une société qui sponsorise la médiocrité à grands coups de Secret Story, je ne vois pas de plus grand exploit que de parvenir s’aimer. Malgré les mannequins qui nous disent qu’on n’est pas assez ceci, qu’on est trop cela, ou bien qu’on ne possède pas ce qu’il faut. La publicité a cela de bien qu’elle nous rend tous pareils, jamais assez bien pour elle. Au fond, elle réalise ce qu’aucune révolution n’est jamais parvenue à faire : nous faire tous adhérer au même modèle, sans que cela cette adhésion soit perçue comme une contrainte.
Absurdité de cette société qui glorifie la jeunesse alors qu’elle n’a jamais compté dans son Histoire autant de vieux, cynisme de ce monde qui engraisse les gens pour mieux les inciter à maigrir. Arrivera le jour où l’humanité sera divisée en deux : d’un coté les obèses, de l’autre les anorexiques. Je rappelle qu’on est déjà à l’époque où la moitié de l’Humanité mange trop et l’autre pas assez.
Inanité d’une époque qui nous fait désirer des choses auxquelles le commun des mortels ne pourra que rêver et n’aura jamais accès. Bienvenue dans l’ère de la frustration perpétuelle et permanente. Saluons comme il se doit l’avènement du règne de l’apparence toute-puissante, érigée en principe fondateur de notre société. L’habit fait le moine. Montre-moi à quoi tu ressembles, je te dirai qui tu es. C’est plus qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, mais qu’importe l’ivresse pourvu qu’on ait le flacon. Et si possible le logo qui va avec.
Et puis il faut s’apprécier quand même. Et faire sa route, trouver sa voie. En sachant qu’on n’arrivera vraisemblablement jamais à la cheville, au sens propre comme au figuré, de ces effigies sur papier glacé dont les pages des magazines sont remplies. Probabilités d’y parvenir ? Infimes. Pourtant, c’est ce mince et presque déraisonnable espoir qui maintient la plupart des gens à flot. Et les gens de s’y raccrocher comme à une ultime bouée de sauvetage. A quoi ça tient des fois… Il est vrai que quand on n’a pas le choix, cela rend les choses d’autant plus faciles. Pas de questions existentielles à se poser. Tiens, je devrais essayer.
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