C’est fou comme les gens peuvent avoir la mémoire courte.
Les équipes cyclistes françaises se prétendent aujourd’hui à la pointe de la lutte antidopage. Certains directeurs sportifs aiment à dire que si les coureurs français ne gagnent pas le Tour, c’est parce qu’ils refusent de tricher, au contraire de leurs homologues étrangers.
Cette évidente mauvaise foi fait évidemment sourire, d’autant qu’elle rappelle – à l’envers - la ligne de défense de Lance Armstrong qui, pour se laver des accusations de dopage dont il était l’objet, n’hésitait pas à mettre en cause l’honnêteté des médias et des laboratoires français. Selon lui, il y avait un véritable complot antiaméricain de la part des Français parce que ces deniers ne supporteraient pas l’idée qu’un coureur américain puisse s’imposer en France, en pleine guerre d’Irak. Dès lors, tout aurait été mis en œuvre pour le discréditer. Outre le fait que cet argument est particulièrement faible, le moins que l’on puisse dire est que le Texan a fait preuve à cette occasion d’opportunisme détestable, en se servant du contexte international pour servir sa cause personnelle. Le rapprochement est en effet pour le moins entre le climat d’antiaméricanisme bien réel qui résulte de la guerre en Irak et ses démêlés avec les médias français. Rappelons que c’est le quotidien « L’Equipe » qui a révélé les résultats positifs à l’EPO d’un test pratiqué sur un échantillon du coureur américain.
Tant que ce type d’attaques ne vise que des groupes indéterminés, elles restent relativement inoffensives. Par contre, lorsque des personnes sont clairement montrées du doigt, elles posent question. Le coureur danois Rasmussen n’a pas signalé comme il devait le faire le lieu de ses entrainements, ce qui a rendu impossible tout contrôle inopiné à son encontre. On peut discuter du fait de savoir s’il s’agit d’un simple oubli ou d’une attitude volontaire, mais en aucune manière il n’est question d’un quelconque contrôle positif. Cependant, déjà les médias français et singulièrement les patrons d’équipe l’ont jugé coupable et considèrent l’actuel maillot jaune comme un tricheur avéré, au mépris le plus évident de sa présomption d’innocence.
Un tel empressement à voir la justice faite fait plaisir à voir. Pourtant il n’en a pas toujours été ainsi, et les médias français n’ont pas toujours été si prompts à retirer leur confiance à un coureur. Il y a de cela neuf ans débutait l’affaire Festina. Rapidement, tous les coureurs de l’équipe avouent leur implication, tous sauf un. A cette époque les Français voulaient continuer de croire en l’innocence de Richard Virenque et il ne s’est pas trouvé grand monde pour les détromper. Mais il est vrai qu’il ne fait pas bon s’attaquer à un mythe.
Bien sûr Virenque a fini par avouer, et Zidane aussi a reconnu avoir utilisé des produits dopants lorsqu’il jouait à la Juventus de Turin. Pourtant ces deux sportifs bénéficient toujours de la sympathie du public et par voie de conséquence des médias, et leur aura est restée intacte.
Des tricheurs portés aux nues, un suspect condamné sans possibilité de se défendre, si je ne m’abuse, pareille différence de traitement porte un nom. Ne serait-ce pas Deux poids, deux mesures ?
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