samedi 25 juillet 2009

Only a man

 J’adore la période estivale. Le monde freine sa course et, comme pour se mettre au diapason, l’actualité semble tourner elle aussi au ralenti. Mais dans ce paysage morose, il suffit parfois d’une étincelle pour raviver de vieilles rancœurs, même si les événements récents donnaient à penser qu’on les avait laissées derrière nous.

Barack_Obama_with_SupermanLa polémique enfle sans cesse autour des récents propos tenus par Barack Obama. Pour rappel, ce dernier avait qualifié de stupide l’attitude des policiers qui avaient arrêté un homme qui tentait d’enfoncer la porte de sa propre maison, dont la serrure était grippée. L’affaire se serait arrêtée là si l’homme en question, Henry Louis Gates Jr., n’était afro-américain et le policier qui l’a arrêté, James Crowley, blanc.

Barack Obama, qui tente d’ordinaire à juste titre de rester neutre sur la question raciale est ici sorti de sa réserve, alors qu’il ne disposait pas, selon toute vraisemblance, de tous les éléments pour juger des faits. Alors que le professeur Gates se dit victime de racisme, selon le policier, l’homme qu’il a menotté se serait montré grossier lors de l’intervention policière, ce qui aurait justifié son arrestation.

Qui croire ? Je me garderai bien de porter à mon tour des accusations à la légère, sachant que la vérité doit probablement se situer quelque part entre les clichés du bad boy afro - peu crédible dans le chef d’un vénérable professeur de Harvard - et du méchant flic raciste, image simpliste pour un policier qui admet volontiers avoir voté pour Barack Obama. Devant l’ampleur de la polémique, le président américain a reconnu qu’il avait parlé un peu vite. On a sans doute assisté ici à la première erreur d’Obama. Après six mois de présidence, je connais pire comme bilan.

Reste que si le président américain est à n’en pas douter l’un des hommes les plus respectés et les plus puissants de la planète, il ne dispose pas pour autant du don de divination, n’en déplaise à ceux qui voudraient en faire le superhéros des temps modernes. L’importance des réactions suscitées par ses propos montre que la question raciale reste une plaie béante aux Etats-Unis, en même temps qu’elle illustre le fait que les Américains attendent,

pour la première fois depuis longtemps, beaucoup de leur président. A commencer par une exigence de neutralité absolue qu’ils n’ont pas toujours vis-à-vis d’eux-mêmes. Hey, he’s only a man.

7 commentaires:

Ink a dit…

Deux hommes noirs (Henry Gates et le chauffeur de son taxi)en train de forcer la porte d'une luxueuse maison dans un quartier chic...La police alertée par des voisins les interpelle. Jusque là, normal. Que les hommes soient noirs ou blancs...
Mais après, les choses s'enveniment, et le Professeur se retrouve en cellule! S'y serait-il retrouvé s'il avait été blanc? J'en doute. Et que B. Obama ait souligné l'absurdité de la chose me semble honnête et courageux, mais peut-être que oui, c'est un faux pas dans une Amérique qui, bien qu'ayant élu un métis, n'est pas prête à reconnaître le racisme et la discrimination qui la rongent encore...
Obama s'en sort finalement bien, dirait-on, car c'est en téléphonant au policier et en en parlant dans une conférence de presse juste après qu'il évite de se renier avec des excuses et met fin à l'affaire en modérant ses paroles.

Sarpedon a dit…

Il est évident qu'on ne peut défendre le racisme. L'on sait par ailleurs qu'il beaucoup d'Américains nourrissent un certain nombre de préjugés envers les populations afro-américaines et latinos. C'est singulièrement le cas s'agissant de la police qui est connue pour s'intéresser davantage à ce type de populations.

Une chose est de dénoncer un problème avéré, un autre est de d'assimiler la situation présente à du racisme. Je n'y étais pas, Barack non plus, et jusqu'à preuve du contraire seuls les protagonistes de cette affaire sont à même de témoigner de ce qui s'est réellement passé. Et vu la charge émotionnelle qui s'y rattache, je doute que l'un d'eux puisse produire un témoignage objectif, même de bonne foi.

Il est évident que les faits tels qu'ils nous ont été présentés - le brave homme victime d'une arrestation arbitraire et vexatoire par un flic racisme - sont largement acceptés dans la mesure où ils renforcent nos propres préjugés sur une police qui serait par essence, raciste.

La réalité du problème - le racisme aux USA - ne doit pas servir à blâmer un individu sans preuve. L'arrestation du professeur a parfaitement pu être la conséquence de son comportement agressif, et la version du policier tient, d'après les éléments dont je dispose et qui sont ceux diffusés par les médias, tout aussi bien la route.

Il est toujours bon de rappeler que le combat contre le racisme n'est pas terminé, mais je doute ici que la dénonciation de faits douteux soit la meilleure manière d'aider cette juste cause.

Gageons que tous cela finira autour d'une bière, entre fans d'Obama.

Sammy a dit…

Il faut quand même donner à Obama :
1/ le droit de dire des conneries (effectivement, c'est juste un homme)
2/ le mérite de le reconnaître, ce qui n'est pas donné à tous les hommes politiques...

Sinon, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ton introduction : le monde ne freine pas sa course, l'actualité ne tourne pas au ralenti ; c'est juste le spectateur (et le journaliste ?) qui prennent des vacances...

Sarpedon a dit…

@ Sammy

Tu dernière remarque ne manque pas de pertinence. Tu excuseras sans peine cette entrée en matière quelque peu facile, qui témoigne d’un manque flagrant d’imagination.

Il est évident que l'actualité ne s'arrête pas durant la période estivale. A vrai dire, je songeais essentiellement à l'activité politique, et singulièrement aux sessions parlementaires qui prennent fin à cette époque de l'année.

Du reste, il est évident que les attentats, faits divers et autres joyeusetés continueront tout l'été.

A toute chose malheur est bon. Heureux blogueurs que nous sommes, nous qui aurons toujours quelque chose à commenter.

Sammy a dit…

J'excuse d'autant plus que c'est très bien écrit et toujours agréable à lire :)


Sinon, je vois que tu es en train de lire Les bienveillantes ; t'en es où ?

Sarpedon a dit…

Pour te répondre, j'ai péniblement atteint la page 212 de l'édition Folio... sur laquelle je stagne lamentablement depuis juillet.

Des excuses ? La lecture des longs passages décrivant le massacre d'innocents n'est guère indiquée lorsqu'elle précède un sommeil que l'on voudrait réparateur. Et puis il y a cette chaleur étouffante qui n'est guère propice au devoir de mémoire.

D'ailleurs, le mal dont je suis atteint semble fort courant. Je lisais encore récemment que la plupart des gens qui ont acheté ledit pavé ne l'ont jamais fini, l'opus finissant inévitablement par prendre la poussière en guise de presse-livres sur l'étagère du salon.

Je tâcherai donc de m'accrocher. Je pense que je lirai la suite quand j'aurai plus de temps devant moi.

Sammy a dit…

Oui, le club de "ceux qui l'ont fini" n'est pas très étoffé... Courage ! Il faut surmonter sa répulsion pour avancer ; quand tu auras fini la campagne du front est, ça sera moins directement gore.