mercredi 15 octobre 2008

Misère numérique

On peut voir grand le plus souvent en pure perte, ou la jouer modeste et, qui sait, apporter un début de solution.

800px-InternetanschlüsseLe blog action day est un de ces événements marquants de la blogosphère qui reviennent tous les ans. Le principe : tous les blogueurs sont appelés à publier un billet sur leur blog en rapport avec le thème proposé. Cette année, ce sujet évoqué est la pauvreté, lequel succède à la thématique de l’environnement abordée en 2007. J’imagine que mes éminents confrères vont se précipiter comme un seul homme pour dénoncer avec force la misère des paysans boliviens ou de quelque peuplade namibienne oppressée par la civilisation par définition destructrice. Une délicate attention sans doute, mais qui ne risque pas d’améliorer la situation.

Pour ma part, je préfère me pencher sur un aspect plus méconnu de la question, et sur lequel on peut éventuellement agir directement. Quand on évoque la pauvreté, on songe spontanément à la misère économique, pourtant la pauvreté culturelle fait elle aussi des ravages partout dans le monde. Qui sait par exemple qu’il y a 10% d’analphabètes en Belgique ? Ce taux est d’ailleurs comparable dans les autres pays occidentaux. Comment, dans une société de l’écrit, espérer décrocher un emploi décent sans maîtriser la lecture et l’écriture ?

A ce premier écueil vient se greffer depuis quelques années la notion de fracture numérique. Le fossé se creuse de jour en jour entre ceux qui maîtrisent l’outil informatique et ceux pour qui, pour des raisons financières ou culturelles, il reste un grand inconnu. Et pourtant, il suffirait de si peu d’heures de formation pour que ces personnes soient à même d’effectuer les opérations simples dont elles ont le plus besoin : taper une lettre, envoyer un email, consulter un site internet...

Si rien n’est fait, la situation risque encore de s’aggraver. Une société mondialisée tend vers des échanges de plus en plus souvent virtuels. Quand nous habitons tous aux quatre coins de la Terre,[1] il devient presque impossible de réunir tous ses contacts en un même lieu. Dès lors, la maitrise des réseaux sociaux au sens large (live messenger, Facebook, Twitter…) s’impose progressivement pour parvenir à créer et entretenir son réseau. Qui écrit encore des cartes de vœux pour les envoyer par la poste ? Il reste bien sûr quelques irréductibles romantiques qui préfèrent le contact du papier à la rigueur glacée d’un clavier d’ordinateur, les autres ont vite compris le gain de temps qu’ils pouvaient obtenir en par la voie électronique. Dans ce contexte, il ne fait à mon sens aucun doute que les sites sociaux deviendront dans un futur proche un passage obligé dans la recherche d’un emploi. Certains s’en sont d’ailleurs déjà fait une spécialité. Dans ces conditions, quel avenir pour ceux qui n’auront pas su accrocher le train du progrès technologique ?

Un début de solution viendra peut-être des blogueurs, qui peuvent jouer ce rôle d’interface entre les utilisateurs néophytes et les nouveaux moyens de communication. A moins, bien sûr, que nous ne fassions que discuter entre férus de nouvelles technologies nés avec une souris dans la main, auquel cas nous n’aurions fait que préparer involontairement les inégalités de demain.


[1] Mais oui, la Terre est carrée, vous l’ignoriez ?

Mots clés Technorati : ,,

2 commentaires:

Sammy a dit…

Bravo pour ce billet sur un sujet qui me tient à coeur. J'ai un peu de mal à partager ton optimisme usr le blogueur-vecteur. Non pas que la plupart des accros à l'informatique rechigne à partager leur savoir, mais plutôt parce qu'il me semble que le fossé s'est déjà trop creusé...

J'ai des collègues qui pensent le plus sérieusement du monde que internet, c'est le petit "e" bleu sur le bureau, qu'ils n'appellent derrière pas le bureau, mais l'écran... le bureau, c'est le meuble où l'on pose ses coudes...

Sarpedon a dit…

Ah, on a sans doute des amis communs alors.

Il est vrai que le mal est déjà fait. La misère numérique en 2008 c'est d'ignorer l'existence de Firefox, de croire que Wikipédia c'est le diable et Skype, une marque de poudre à lessiver.

Les nécessiteux 2.0 (faudra que je dépose l'appellation) sont nombreux, et c'est loin d'être uniquement une question de sexe ou de génération.