mardi 7 octobre 2008

De quoi êtes-vous réellement certains ?

Je me rends compte que j’ai honteusement délaissé la rubrique littéraire de cet espace. Je perds des neurones à chaque seconde et il est grand temps pour moi de revenir sur mon coup de cœur livresque de l’été, j’ai nommé Les falsificateurs, d’Antoine Bello.

clip_image002Le point de départ de l’ouvrage est simple, mais des plus efficaces : le narrateur, jeune diplômé, est engagé au sein d’une entreprise que rien ne distingue particulièrement des autres, jusqu’à ce qu’il découvre la véritable nature de ses activités : la falsification du réel. La mystérieuse organisation s’emploie à forger des fausses informations de toutes pièces, qu’il s’agisse d’inventer une nouvelle espèce animale et d’envoyer dans l’espace une chienne qui n’a jamais existé. Dans quel but ? Le narrateur n’aura de cesse de le découvrir, et nous l’accompagnons dans cette quête tout au long des près de six-cents pages du roman.

Roman fleuve s’il en est, l’ouvrage d’Antoine Bello se lit pratiquement d’une traite. La dernière fois que j’ai dévoré un livre aussi vite, c’était le Da Vinci Code. Mais le livre d’Antoine Bello a pour lui une histoire plus universelle, et son auteur au moins ne prétend pas s’être basé sur des faits historiques, même s’il utilise habilement l’Histoire pour donner de la crédibilité à son récit. Le livre est jalonné de références à des événements qui ne nous sont pas inconnus, qu’il vient éclairer d’un jour nouveau. C’est la raison pour laquelle ce livre a de quoi vous rendre complètement paranoïaque. Je vous garantis qu’il vous fera regarder le monde différemment. Et vous ne lirez plus jamais de la même manière votre journal.

clip_image004Pourtant, au-delà de la réflexion sur le monde, l’aspect le plus intéressant de l’ouvrage concerne la personnalité du narrateur, sorte de monsieur tout-le-monde qui se retrouve pris dans un tourbillon qui le dépasse. L’image qui me vient à l’esprit est celle de Cary Grant courant à travers champs, poursuivi par un avion dans La mort aux trousses. Pourtant, à la différence du héros d’Hitchcock, le narrateur n’est ici pas une victime, il joue un rôle actif dans la pièce qui se trame sous nos yeux, même s’il ignore qui tire les ficelles. En filigrane, une question traverse le roman : qu’aurions-nous fait à sa place ? Serions-nous prêts à travailler pour un employeur dont nous ignorons tout des motivations ? Au moins s’agit-il d’être conscient des risques, parce qu’à force de mentir aux autres, le risque est grand de finir par se mentir à soi-même.

Au final, que retenir de ce roman qui a de quoi donner le tournis ? Comme le dit avec beaucoup d’à propos le quatrième de couverture, il nous conte l’histoire de quelques personnages, mais représente aussi d’une certaine manière l’Histoire du XXème siècle. La petite histoire et la grande sont plus que jamais interdépendantes. Chacun ira de sa petite explication sur le sens à donner à l’ouvrage. Certains y verront juste une belle aventure, prétexte à bien des rebondissements. A titre personnel, je serais plutôt enclin à lire entre les lignes une réflexion sur le rôle de l’écrivain. Après tout, ne sont-ils pas les falsificateurs par excellence ?

Présentation de l'éditeur

C'est l'histoire d'une organisation secrète internationale, le CFR (Consortium de Falsification du Réel), qui falsifie la réalité mais dont personne ne connaît les motivations.

C'est l'histoire de quelques-unes des plus grandes supercheries de notre époque : de Laïka, la première chienne dans l'espace, qui n'a jamais existé ; de Christophe Colomb qui n'a pas découvert l'Amérique ; des fausses archives de la Stasi.

C'est l'histoire d'un jeune homme, embauché par le CFR, qui veut comprendre pourquoi et pour qui il travaille.

C'est l'histoire d'une bande d'amis qui veulent réussir leur vie, sans trop savoir ce que cela veut dire.

C'est, d'une certaine façon, l'histoire de notre siècle.

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2 commentaires:

Sammy a dit…

Le jour même où je lisais ce billet un collègue me faisait lui aussi l'éloge de ce livre. Il va falloir que je le lise !

Tu vois que tu ne tue pas le commerce ;-)

Sarpedon a dit…

Je viens de finir "Eloge de la pièce manquante" du même auteur. Un ouvrage intéressant lui aussi, bien que dans un tout autre registre puisque l'intrigue se situe dans le monde du puzzle professionnel.

Au lecteur d'assembler toutes les pièces.