mardi 9 septembre 2008

Pauvre petite fille riche

Contrairement à ce que disait Beigbeder, le maître du monde n’est pas une vieille retraitée de Miami. A dire vrai, c’est même tout le contraire.

La planète se passionne pour les prochaines élections présidentielles, même s’il est déjà clair qu’Obama l’emporterait dans tous les pays. Comme pour ménager le suspense, les choses sont un peu plus compliquées aux USA où le candidat démocrate et John McCain sont au coude à coude dans les sondages. Il semble légitime de s’inquiéter du nom de celui qui sera amené à porter le képi de gendarme du monde. Pourtant le véritable pouvoir leur a déjà échappé il y a longtemps.

Le maître du monde n’est pas un chef d’Etat, pas même un dirigeant d’entreprise. Le véritable maître du monde est une femme qui n’a pas trente ans. Elle ne sert aucune cause sinon la sienne, ne dispose pas d’un talent particulier non plus, si ce n’est une capacité certaine à faire parler d’elle, en bien comme en mal. Et puis l’insigne mérite d’avoir compris la première que seule compte l’image.

Sa vie est mise en scène comme un mauvais film et s’étale chaque jour dans les journaux. Elle a fait des films sans être actrice, sorti un album sans savoir chanter, probablement déjà sorti une biographie que quelqu’un d’autre aura rédigé pour elle. Et je ne parle pas de la manière dont elle a acquis sa notoriété. Vous l’aurez compris, c’est de la blonde héritière la plus célèbre de la planète que je veux parler. Paris Hilton, puisque c’est d’elle dont il s’agit, est tout à la foi la cause et le symptôme des maux de notre temps.

Elle est devenue le symbole mondial du mauvais goût, l’image que John McCain utilise pour tacler Barack Obama. En 2007, la photo de son visage en larmes lors de son arrestation par la police a fait le tour du monde et l’on se gausse de ses frasques à longueur d’année. On déteste l’adorer, mais beaucoup la regardent quand même. Certains voyant même en elle un modèle à imiter, une source d’inspiration. C’est elle qui décidera ce qui demain sera « tendance », quelle boîte est branchée, quels vêtements il faut porter. Elle fait et défait les destins, certaines ont acquis leur petite notoriété rien qu’en la fréquentant. Qui peut se targuer d’une telle influence ?

Jusqu’au jour où elle sera remplacée par une autre starlette, plus belle[1], plus riche, plus cynique ou plus arriviste. La populace est un animal ingrat qui se lasse bien vite de ses maîtres. La fortune de Papa dilapidée, les amis d’hier disparaîtront bien vite. Entourés tant qu’ils ont du bien, seuls quand ils n’ont plus rien à offrir, c’est là le triste destin des maîtres du monde. Elle tentera alors d’épouser l’un ou l’autre milliardaire, tandis que l’homme de la rue scrutera sur son visage les traces de sa dernière opération de chirurgie esthétique.

Ruinées et oubliées de tous, voilà comment finissent, les pauvres petites filles riches.


[1] Ça ne devrait pas être trop difficile.

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