mercredi 12 décembre 2007

Il y a un an, la Belgique disparaissait…

…pour les besoins d’un docu-fiction de la RTBF uniquement. Un an après, le pays se cherche un gouvernement et les négociations piétinent depuis six mois. On peut faire beaucoup de reproches aux concepteurs de l’émission, certainement pas de s’être trompé de diagnostic. La Belgique est bel et bien en crise.

Le constat est juste. Le procédé utilisé par contre est plus discutable. Annoncer la fin du pays, même dans un but aussi louable que provoquer une prise de conscience des francophones sur les visées séparatistes d’une frange de plus en plus importante de la population néerlandophone, ce n’est tout de même pas anodin. Même si pour ma part je reste convaincu, et la suite allait me donner raison, que la fin justifiait les moyens, je peux comprendre les objections de certains. Reste que le plus grand tort de la chaine publique semble être d’avoir surestimé les capacités intellectuelles et surtout l’esprit critique du téléspectateur. Ce que beaucoup de citoyens n’ont pas supporté, ce n’est pas tant le fait qu’on ait prétendument fait jouer au journaliste un rôle qui habituellement n’est pas le sien, que le sentiment de s’être fait avoir et d’avoir été trop crédule. Un peu comme un enfant qui se rend compte que ses parents ont menti sur l’existence de Saint-Nicolas.

De fait, il aurait suffi de prendre deux secondes pour zapper vers une autre chaine pour s’apercevoir de la supercherie. Mais c’est bien connu, le téléspectateur est fidèle par nature et totalement incapable de fausser compagnie ne serait-ce qu’un seul instant à son programme favori. A sa décharge, on pourrait arguer du fait qu’il pensait vivre en direct une page d’Histoire. Pourtant, rapidement est apparu ce fameux bandeau qui barrait le bas de l’écran, de sorte qu’il était presque impossible de ne pas se rendre compte de la supercherie. Enfin, les indices disséminés tout au long de l’émission auraient dû alerter. Pourtant, il semble que des gens y ont cru. Je ne sais qui, je n’en ai rencontré aucun. Il faut croire qu’ils ne s’en sont pas vantés. Je les comprends.

Le plus cocasse dans cette histoire est probablement la réaction de la classe politique prompte à dénoncer une émission à laquelle pourtant nombre de ses membres ont participé… et dont nul dans ses rangs n’ignorait l’existence. Comment ne pas sourire devant les expressions de surprise et d’exaspération adoptées par plusieurs chefs de partis quand il ressort qu’ils étaient au courant de la trame de l’émission bien avant sa diffusion ? La Belgique reste à n’en pas douter la patrie du surréalisme. C’est la réalité… et pas la fiction.

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2 commentaires:

Sammy a dit…

Moi aussi, cela fait quelques jours que je repense à ce docu-fiction ; il est regrettable que la réalité soit en passe de rattraper l'affliction...

Sarpedon a dit…

Enfin, on n'en est pas encore là.
Et puis, depuis que PPDA nous a signifié qu'il accorderait volontiers asile aux froncophones de Belgique, je suis entièrement rassuré...