En relisant mes derniers billets, je m’aperçois que mon ancrage belge s’amenuise dangereusement. Soit, l’actualité de ces derniers jours me donne l’occasion de revenir à mes premières amours. Pour une fois, je vais essayer d’être accessible, ce billet s’adresse en effet aux belges francophones comme aux Français pour qui les institutions belges tiennent du mystère. Quant aux néerlandophones qui auraient l’idée saugrenue de me lire, ils sont évidemment les bienvenus et je dois reconnaître que j’attends leurs réactions avec impatience, mais ne rêvons pas. Pas à voix haute en tout cas.
Pour ceux qui seraient passé à côté de l’info de la semaine, le formateur[1] Yves Leterme jette le gant. Pour les néerlandophones, il paraît clair que la responsabilité de l’échec des négociations revient aux francophones qui sont restés inflexibles devant leurs revendications. Le coupable est même tout désigné en la personne de la présidente du CDH, Joëlle Milquet, que la presse du nord du pays a eu tôt fait d’appeler « Mevrouw nee.[2] »
Si vous le voulez bien, prenons les choses dans l’autre sens. Pourquoi ne seraient-ce pas les exigences démesurées des politiciens flamands qui ont poussé les négociateurs francophones à adopter pareille attitude ? Car qu’il s’agisse du droit de la nationalité, du code de la route ou du statut des étrangers, c’est bien au noyau dur des compétences de l’Etat fédéral que l’on touche. Les fédéraliser reviendrait à vider la Belgique de sa substance. Bien sûr, ne caricaturons pas : les politiciens flamands ne s’opposent pas à la Belgique en tant que telle, pourvu qu’elle soit réduite à peau de chagrin.
Rendus suffisants par leur réussite économique du moment et de surcroit influencés par des médias qui n’ont de cesse de véhiculer cette image de vils wallons paresseux profitant de leur argent, les Flamands ne voient plus dans leurs voisins du sud que des parasites dont il importe de se débarrasser au plus tôt, sous peine de freiner leur dynamisme économique.
Comment en est-on arrivés là ? Je dois ici passer par une leçon d’Histoire inévitable pour qui veut comprendre les origines du problème. Lorsque la Belgique a été créée en 1830, c’était un état unilingue francophone. Le côté positif, c’est que l’unité du pays ne posait pas problème, le souci c’est que les flamands se sentaient brimés (et à raison à l’époque) car l’apprentissage du français était un passage obligé pour bénéficier de ce qu’il est coutume d’appeler l’ascenseur social. C’est tellement vrai qu’il n’y avait pas d’université où les cours étaient donnés en néerlandais. Le Français était alors la langue des élites et celui qui voulait faire carrière devait nécessairement s’exprimer dans cette langue. Il n’y a qu’à observer pour s’en convaincre les prénoms des politiciens néerlandophones qui portent tous à de rares exceptions près des prénoms francophones (Guy Verhofstadt, Jean-Luc Dehaene, Yves Leterme et ainsi de suite.) De même, la justice était rendue en français partout en Belgique, d’où l’on imagine les problèmes pour les justiciables flamands pour se faire comprendre et comprendre ce qu’on leur reproche.
Cette époque est révolue depuis longtemps et la domination du français n’est plus qu’un lointain souvenir. Francophones et néerlandophones ont depuis longtemps les mêmes droits. Pourtant certains semblent en avoir gardé rancune de cette situation passée, cela c’est pour le noyau dur de séparatistes et de flamingants qui a existé très tôt dans l’Histoire de Belgique. Ce qui est plus neuf et que je situe à l’essor de l’économie flamande et au déclin de la sidérurgie wallonne, c’est l’émergence d’un nouveau mouvement flamand qui s’est répandu dans toute la classe politique du nord du pays. Il ne s’agit pas d’un nationalisme culturel, ni d’une réaction contre des brimades avérées ou prétendues comme c’est le cas en Bretagne, en Corse ou en Ecosse. C’est un nationalisme économique et un mouvement essentiellement égoïste qui vise à mettre un terme à une solidarité que d’aucuns jugent scandaleuse. Certains s’indigent des transferts d’argent du nord au sud, pourtant des transferts entre régions il y en a, et il y en a toujours eu. Or, la question des transferts ne suscite l’émoi que lorsqu’elle concerne l’argent flamand qui passe en Wallonie. En outre, la solidarité fait partie des principes fondateurs d’un état et il est normal que les régions les plus riches aident les régions les moins prospères à rattraper leur retard. D’ailleurs les transferts n’ont pas toujours été opérés dans le même sens, et il est un temps où la Wallonie était la 2ème puissance industrielle, juste derrière l’intouchable Grande-Bretagne. En vérité, si ces transferts font tant parler, ce n’est pas qu’ils sont si importants, c’est qu’ils sont perçus comme illégitimes. Certains raisonnent déjà comme si Flandre et Wallonie étaient des états distincts, et dans ces conditions il est vrai qu’on voit mal en effet comment justifier l’existence de pareils transferts.
Ce n’est pas par hasard que la Flandre dispose d’un drapeau, vous savez ce drapeau jaune floqué d’un lion noir que l’on voit tous les étés fleurir sur les bords des routes du tour de France. Il en va de même pour la Constitution. Drapeau, constitution et j’en passe sont autant de symboles de l’Etat. D’ailleurs, il y a fort à parier que si l’on n’avait mis l’euro en circulation, les politiciens flamands se seraient fait un devoir de réclamer le droit de battre monnaie. Quand on sait qu’ils songent faire un code de la route différent au nord et au sud du pays et qu’ils voudraient imposer des plaques d’immatriculation spécifiques pour la Flandre… Décidément, nous n’avons pas usurpé notre titre de patrie du surréalisme.
Disons-le clairement, les Wallons voient les Flamands au mieux comme des égoïstes, au pire comme des traitres, des gens qui veulent saborder le pays. Il me faut nuancer ce propos. Détruire le pays oui, scier la branche sur laquelle ils sont assis non. Au nord comme au sud, tant que le paiement des pensions est assuré, le sort de la Belgique laisse les gens relativement indifférents. Alors la révolution pourquoi pas, mais sans rien changer à ses petites habitudes alors.
Je ne peux m’empêcher de penser que les Flamands reverront peut-être leurs exigences à la baisse quand la Wallonie aura rattrapé son retard. Je plaisante, bien sûr. Je parlais de la révision à la baisse des exigences flamandes. Et après tout qu’importe, de toute manière ce n’est pas pour demain, et d’ici là j’ai encore tout le temps d’imaginer les casques bleus Pakistanais prenant position à Rhode-Saint-Genèse. Je vois déjà le check point à hauteur des Quatre-Bras, les Wallons traversant la frontière pour aller travailler dans l’Eldorado néerlandophone.
Vraiment, je m’en voudrais de n’être pas là pour voir ça…
[1] Le politicien qui doit mener les discussions pour aboutir à la formation d’un gouvernement dont il devient traditionnellement le premier ministre.
[2] « Nee » signifiant, vous l’aurez compris, « non. »
1 commentaire:
pour madame milquet
bravo a vous madame Milquet.
il n'y a rien de plus vrai et de plus actuel que les paroles de cette chanson l' HYMNE des anciens coloniaux et de l'ecole de watsa excongo belge et devraient être expédiée sur tous les sites ministériels, regionaux et fedéraux et à tous les partis ... je crois qqu'ils ont oublié ce qu'était la Belgique.ou vous pouriez leurs offrires, sauf vous madameet encore bravo et merci pour la belgique
vendus au prix démocratique de 6 € F.P.compris. Commande : manon_selyn@msn.com
pour ecouté http://www.congo-1960.be/nouvelles.htm
paroles de la chanson
VERS L’AVENIR
Le siècle marche et pose ses jalons,
Nous marquant une étape nouvelle.
Nous le suivons et nous nous rappelons
Nos aïeux et leur gloire éternelle.
Si ton sol est petit, dans un monde nouveau
L'avenir qui t'appelle a planté ton drapeau.
Ref.:
Marche joyeux, peuple énergique,
Vers des destins dignes de toi.
Dieu protége la libre Belgique
Et son Roi.
Ta longue paix autant que longs combats
Au travail exerçait sa vaillance,
Et tes progrès disaient à chaque pas
Ton génie et ta fière endurance.
Si ta force déborde et franchit ses niveaux,
Verse-la comme un fleuve en de mondes nouveaux!
Ref.:
Marche hardi, peuple énergique,
Vers des destins dignes de toi.
Dieu protége la libre Belgique
Et son Roi!
O terre sainte, o terre des aïeux,
Leurs sueurs et leur sang l'on pétrie,
Et loin et près sauront leurs fils pieux
Honorer, élargir la Patrie.
Si des frères s'en vont, il en est par milliers
Qui, fidèles gardiens, défendront tes foyers.
Ref.:
Va sans faiblir, peuple énergique,
Vers des destins dignes de toi.
Dieu saura protéger la Belgique
Et son Roi.
site de l'école de Watsa ex Congo Belge http://ecolewatsa.ifrance.com/
et http://ecolewatsa2.ifrance.com/
Gaby Rahier Email gabriel.rahier@skynet.be
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