mardi 9 juin 2009

Les modes de narration éclatée

564px-Clap_cinema.svg Le plus simple pour raconter une histoire, c’est de commencer par le début. Oui, mais voilà, il est bien des autres façons de procéder. Nombreux sont les livres, films et les séries qui ont remporté un franc succès ces dernières années, avec pour point commun leur propension à chahuter la notion d’espace. L’exemple le plus fréquent concerne les racontant des histoires parallèles qui finissent par se rejoindre. Cette narration déstructurée est aussi valable au niveau de la gestion du temps : finie la bonne vieille structure linéaire, place à un désordre apparent qui ne doit rien au hasard. Des séries comme Lost ont bâti leur réussite sur l’utilisation astucieuse des flash-back, et plus récemment des flash-forward, pour maintenir le suspense.

Reste qu’une telle virtuosité narrative doit rester au service de l’intrigue, et non l’inverse, sous peine de n’être qu’un gadget totalement artificiel. A ce petit jeu, certains sont plus doués que d’autres. Pour une fois, c’est vous, lecteurs, que je mets à contribution. Je vous propose de découvrir les œuvres qui se cachent derrière les descriptions suivantes :

1. Un film qui commence par la fin et progresse vers le début de l’histoire.

2. Un film qui brise un des vieux tabous filmiques, par le biais d’un des personnages qui se fait narrateur à l’occasion, pour s’adresser directement au spectateur.

3. Un film qui raconte plusieurs histoires parallèles à priori sans rapport entre elles, qui finissent par se croiser. Facile…

4. Un livre qui se présente sous la forme d’un manuscrit (l’histoire principale) qu’un traducteur décrypte sous nos yeux, ses réflexions sur le texte étant publiées sous forme de notes de bas de page.

5. Une chanson d’un groupe anglais dont le clip est filmé à l’envers, le début étant placé à la fin et inversement.

6. Un film américain qui suit la structure d’un tour de magie, le fond et la forme se confondant comme jamais.

7. Un film américain qui nous fait revivre la même scène à travers les yeux de différents personnages, ce qui permet de faire progresser l’intrigue.

8. Un livre francophone divisé en six parties, la 1ère partie étant racontée à la 1ère personne du singulier, la seconde à la 2ème et ainsi de jusqu’à l’ultime partie qui utilise la 3ème personne du pluriel.

9. Un film asiatique, source d’inspiration de Matrix, qui mélange la réalité et la fiction, jusqu’à nous plonger dans une confusion qui rappelle celle du personnage principal.

10. Last but lot least, une histoire policière dont le narrateur possède une particularité qu’on découvre tout à la fin du livre.

Vous pouvez publier vos propositions en commentaire, je confirmerai au fur et à mesure les bonnes réponses de la même manière, pour éviter tout spoiler. Attention, il est possible qu’il y ait plusieurs solutions, je ne prétends pas avoir envisagé toutes les possibilités. Il n’y rien à gagner, alors il est inutile de s’aider de Google ou de Wikipédia. Enfin, puisqu’un acte n’a de vraie valeur que s’il est gratuit, les gagnants auront tout de même droit à mon entière considération. Noble prix s’il en est.

Mise à jour du 26 juin 2009 : concours clôturé. Toutes les réponses figurent désormais en commentaire.

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11 commentaires:

Drake a dit…

Chouette exercice.

Je penche pour Angles d'attaque pour le numéro 7.

Quid de ma proposition ?

Anonyme a dit…

Je pars bosser, je glisse une réponse pour la question n°1: il s'agit de Pulp Fiction. Pour la 6, je pense éventuellement au Sortilège du Scorpion de Jade, de, et avec,Woody Allen.

pagesapages a dit…

Désolée, mon cerveau est coincé sur Un jour sans fin avec Bill Muray. Et pour la soixantième fois, je me dis que, décidément, j'aime beaucoup ce film...

Sarpedon a dit…

@ Drake : une première bonne réponse. Pour la question 7, il s'agissait bien de Vantage Point, ou Angles d'attaque, de Pete Travis, film qui raconte une tentative d’assassinat visant le Président des USA vue depuis les yeux de plusieurs personnages. On y retrouve notamment Matthew Fox, alias Jack, le docteur sans peur et presque sans reproche de Lost.

Sarpedon a dit…

@ Anonyme : Je ne pensais pas à Pulp Fiction pour la 1ere à vrai dire, mais pourquoi pas.

Et non, la réponse à la question 6 n'est pas un film de Woody Allen.

Une autre tentative ?

@ pagesapages : J'ai failli faire une question sur Un jour sans fin, mais je me suis ravisé. Pour une prochaine fois peut-être.

Drake a dit…

Je me sens d'inspiration, à cette deuxième lecture.

Je me lance pour la 3 : Babel.

Concernant le groupe anglais en N°5, j'aurais penché pour un des derniers titres de Coldplay, mais sans certitude.

Sinon la proposition 6 me fait penser au film Prestige de Christopher Nolan.

Et enfin, pour la 9, votre description me fait penser à Avalon, sorti en 2002.

Sarpedon a dit…

Très bonnes réponses. Reprenons dans l'ordre:

- question 3 : il s'agissait bien de Babel, d'Alejandro Gonzales Inarritu

-question 5 : en effet, le clip de Coldplay, Tle Scientist présente cette particularité de commencer par la fin, pour revenir progressivement vers le début, où l'on comprend le pourquoi de l'histoire. Mais, chut...

- question 6 : Je pensais bien au film Le Prestige, de Christopher Nolan qui suit est, comme un tour de magie, composé de trois parties : la promesse, au cours de laquelle on présente au spectateur un objet d’apparence ordinaire. Suit le tour, où l’objet disparaît, puis le prestige, qui voit l’objet réapparaître.

- question 9 : quelle précision, il s'agit en effet d'Avalon, de Mamoru Oshii, film japonais qui raconte les aventures d’une joueuse compulsive du jeu video qui donne son nom au film. Ce jeu est tellement réaliste que beaucoup ne parviennent plus à le différencier de la réalité. A la confusion du personnage répond celle du spectateur. Un ovni à voir absolument.

Faudra que je songe à corser un peu la difficulté la prochaine fois. ;-)

Sarpedon a dit…

Il est temps de mettre un terme à notre petit concours. Les réponses manquantes sont donc.

- question 1 : Memento, de Christopher Nolan, qui allait réaliser par la suite The Dark Knight. Loin de n’être qu’une question de style, ce choix du réalisateur illustre le trouble du héros qui est incapable de se rappeler de ce qu’il faisait cinq minutes plus tôt.

- question 2 : Inside Man, de Spike Lee, Clive Owen y interprète un braqueur de banque surdoué et non-violent qui interpelle le spectateur au début et à la fin du fin pour expliquer ses motivations. En principe, le personnage ignore sa nature et ne sait pas qu’il est observé.)

- question 4 : La Caverne des Idées, de José Carlos Somoza. Où se situe le réel, où est la fiction ? L’on finit par se perdre dans le dédale de cette histoire des crimes dans la Grèce antique, jusqu’à ne plus savoir qui est le narrateur, qui est le personnage.

- question 8 : 99 francs, de Frédéric Beigbeder. On ne présente plus le livre du publicitaire-présentateur télé, écrivain, chroniqueur, critique littéraire, éditeur et j’en passe.

- question 10 : Le Meurtre de Roger Ackroyd, d’Agatha Christie.


Allez, ça fait 5 bonnes réponses sur 10 possibles, la moyenne quoi.

Sylvaine a dit…

J'arrive trop tard, mais la 4 m'avait fait penser à Feu pâle de Nabokov, à ceci près que dans Feu pâle ce ne sont pas les commentaires d'un traducteur mais d'un critique littéraire.
J'avais faux, cependant je conseille viement la lecture de ce livre génial!
@Drake: impressionnant :)

Sarpedon a dit…

@ Sylvaine : Ma connaissance de Nabokov se limitant à Lolita, il faudra que je comble cette lacune et me plonge à mon tour dans cet ouvrage.

D'après ce que tu m'en dis, c'était bien essayé.

Anonyme a dit…
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