lundi 3 novembre 2008

W.

w_wall1_1600 Le dernier film d’Oliver Stone, sobrement intitulé W, retrace le parcours de George Walker Bush, 43ème président des Etats-Unis, de ses jeunes années oisives à l’enlisement en Irak de son second mandat présidentiel. Le film juxtapose les souvenirs de jeunesse de W et les images de ses deux mandats : les principales étapes de son parcours sont évoquées, qu’il s’agisse de la guerre en Irak et de l’invasion de Afghanistan, du 11 septembre 2001, mais aussi de sa rencontre avec celle qui allait devenir son épouse. Le film insiste également lourdement sur les rapports difficiles qu’il entretient avec son père George Bush senior et sa relation avec les born-again christians.

Réalisateur engagé, Oliver Stone est coutumier des films polémiques. On connait ses positions sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy. En comptant la biographie de Nixon, c’est donc la troisième fois que le réalisateur américain se penche sur la destinée d’un président américain. Le cinéaste semble cette fois avoir limé ses crocs : si l’on pouvait craindre une enquête à charge uniquement, force est de reconnaître que le cinéaste a su éviter de forcer le trait. On est loin de Michael Moore. Le George Bush qu’il nous dépeint est bien plus complexe que le cow-boy que d’aucuns voudraient voir en lui. Bien qu’elle ne soit pas neuve, la thèse du film ne plaira pas à tout le monde : W serait devenu président de Etats-Unis, se serait fait réélire et aurait chassé Saddam Hussein du pouvoir essentiellement pour montrer à son père qu’il pouvait faire mieux que lui.

Même si la ressemblance physique de Josh Brolin avec son illustre modèle ne saute pas aux yeux, on saluera la performance de l’acteur qui est parvenu à en restituer fidèlement la gestuelle et surtout les intonations. Les rôles secondaires sont, eux, interprétés avec un bonheur inégal, mention spéciale pour Thandie Newton qui incarne une Condoleezza Rice totalement transparente. Jeffrey Wright en Colin Powell réticent face à l’invasion de l’Irak est, comme à l’accoutumée, impeccable et Richard Dreyfuss campe un Dick Cheney plus vrai que nature.

Le fait est qu’on a beaucoup critiqué Oliver Stone pour avoir sorti son film en fin de mandat présidentiel, alors que George Bush est plus impopulaire que jamais et seul pour se défendre, mais je me demande dans quel autre pays on fait des films sur les présidents en exercice. Et puis, là n’est pas l’essentiel. A quelques heures du début du scrutin qui va désigner qui de Brack Obama ou de John McCain sera le nouvel homme fort de la Blanche, ce film sonne dresse en quelque sorte le bilanc de huit années de présidence Bush. En dernier ressort, l’Histoire décidera de la véritable portée de son action politique ; mais à en juger par les éclats de rires qui accueillirent dans la salle chacun des « bushismes » du locataire de la Maison Blanche, les spectateurs européens ne semblent guère enclins à la clémence. Puissent les Américains avoir la même réaction lorsqu’ils seront dans l’isoloir.[1]

Un film à ne pas (mal) sous-estimer donc.


[1] Pour autant qu’il y en ait, je dois reconnaitre que je n’en suis pas certain. Si quelqu’un peut m’éclairer…

1 commentaire:

Sammy a dit…

Voilà un film que j'ai bien envie de voir par-contre... Pfff... pas le temps.